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Le Principe de l'incertitude (c) D.R. Festival de Cannes 2002
Sélection Officielle

LE PRINCIPE DE L’INCERTITUDE

de Manoel de Oliveira
Par Cécile GIRAUD


SYNOPSIS : Le riche António et José, le fils de la servante, ont tout partagé pendant leur enfance, couvés par le regard de la domestique. Les jeux de l'amour ont renforcé leurs liens. Antonio épouse Camila, dont José est depuis toujours amoureux, et il a pour maîtresse la dangereuse Vanessa, l'associée de José dans de peu scrupuleux commerces. Mais le diable s’en mêle…

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POINT DE VUE

Le film s’ouvre sur une scène que la musique rend à la fois nostalgique et burlesque : un long plan fixe nous présente une vieille chapelle, petite et sobre, apparemment laissée au bon vouloir de la nature. Un instant, la mélancolie fait place à l’intrusion d’une jeune femme qui entre comme clandestinement dans la chapelle. Elle en ressortira quelques instants plus tard, cachant la clé sous une pierre. Nous pourrions alors croire que ce lieu éloigné autrefois mystique pourrait abriter des amours clandestines, romantiques et désuètes, loin des regards de la ville moderne qui n’arrive décidément pas à trouver sa place chez un cinéaste qui semble se complaire à l’ignorer.

  Le Principe de l'incertitude (c) D.R.
Mais l’humour bucolique ne peut être que temporaire, et plus encore une illusion, car d’amour heureux et pleinement vécu, il ne peut y en avoir chez Oliveira. Nous retrouvons les thèmes du cinéaste en éternelle variation : la femme et sa douleur dans le mariage, son dévouement, presque son esclavage face à des hommes qui ne l’aiment pas, son refus de l’amour, conscience cruelle qui fait d’elle un martyr, mais un martyr pervers, car elle est à la fois bonne et cruelle, sainte et damnée…

Le rôle de Camila, la jeune femme pure qui semble se sacrifier est jouée par une jeune actrice, Leonor Baldaque, alors que Leonor Silveira endosse celui de la femme mure aux apparences démoniaques (patronne d’une boite de nuit peu recommandable). Elle fait planer son ombre sur l’ensemble des personnages, les menant à leur perte tout en se révélant être une confidente, compatissante et compréhensive. Ainsi, elle lègue son rôle dans Val Abraham au jeune couple de ce nouveau film en leur donnant ses particularités : les amours malheureuses, le charme étrange d’un défaut physique : le boitement. C’est au jeune homme riche d’endosser ce dernier, mais la mélancolie obstinée qui rendait le personnage de Leonor Silveira si particulier ne pouvait être destinée qu’à une femme, mariée qui plus est à un homme qui ne semble pas l’aimer.