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Alors que le film se passe
à notre époque, les personnages sont immergés
dans un temps révolu, celui de Val Abraham. L’intrusion
de la modernité se fait par Leonor Siveira et se boîte
de nuit qui semble être en décalage total avec
l’univers créé tout d’abord, ainsi qu’en décalage
avec notre modernité. Suite à la première
scène, deux personnages qui disparaîtront sans
nous donner la fin de l’histoire, nous présentent les
liens qui unissent les différents personnages, comme
s’il s’agissait d’un conte mythologique, une dynastie, qui
ferait partie des croyances populaires, dominée par
Œillet Rouge et Taureau Bleu. Ces personnages qui semblent
appartenir à une autre époque nous apparaissent
pourtant. Nous pourrions tout d’abord croire à un flash-back
ou à une fiction dans le film, mais ils s’avèrent
bien faire partie de la réalité du film. Pourtant,
ils ne semblent pas faire partie du monde moderne que nous
présente Oliveira lors des plans d’ensemble de la ville
en mouvement. Pour la ville, le temps passe, les nuits succèdent
au jour. Pour notre communauté, il semble s’être
arrêté, non " perverti ".
Une étrange atmosphère se crée, entre
l’immobilité d’un tableau et celle d’un fantôme :
Oliveira filme les intérieurs peu éclairés,
dont la vie n’est perceptible que par le tic-tac d’un balancier
d’horloge, intérieurs qui ne changent jamais, à
la différence des extérieurs et de leur lumière.
Placés dans ces décors presque peints, les personnages
semblent s’y fondre si parfaitement qu’ils en deviennent transparents :
pas de vie, pas de pulsions humaines, leurs yeux fixés
sur le hors-champ, ou plus encore, le vide. Ces figures peintes
se laissent aller au gré du destin, guidé par
leur créateur, lot de leur existence mythologique rythmée
par un violon rapide, parfois violent.
Oliveira crée un
nouveau mythe, attaché à un monde qui n’est,
peut-être qui ne fut, pas le nôtre. Un monde qui
regarde la réalité de loin, qui ne se remet
jamais en cause, certain du bien fondé de son existence
de martyr immobile. Le seul principe de l’incertitude, Oliveira
l’applique au spectateur : quel monde contamine l’autre ?
Le monde de cette communauté est-il vivant ? Après
coup, elle nous semble avoir été créée
par ces deux hommes qui nous racontaient au début une
histoire, la vivant de l’intérieur, finissant par lui
donner une existence propre, en mourant en son sein, ne pouvant,
à l’image du cinéaste, supporter ce que la ville
de Porto qu’ils connurent jadis est devenue.
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Titre : Le Principe de l'incertitude
Titre VO : O
principio da incerteza
Réalisation, Scénario
et Dialogue : Manoel De Oliveira
D'après l’œuvre de :
Agustina Bessa-Luis
Dialoguiste : Manoel
de Oliveira
Directeur de la photographie
: Renato Berta
Acteurs : Leonor
Baldaque, Leonor Silveira, Ricardo Trepa, Ivo
Canelas, Isabel Ruth, Luis Miguel Cintra Dan,
José Manuel Mendes, Antonio Cerdeira, Cecilia
Guimaraes, Isabel de Castro, Ricardo Pais
Costumes : Isabel
Branco
Monteur : Manoel
de Oliveira, Catherine Krassovsky
Chef décorateur :
Maria José Branco
Réalisateur :
Manoel de Oliveira
Scénariste :
Manoel de Oliveira
Production : Madragoa
Filmes, Gémini Films, RTP - Radiotelevisao
Portuguesa, Instituto do Cinema, Audiovisual e
Multimedia, Canal +, CNC
Distribution :
Gémini Films, France
Sortie France : 11 Septembre
2002
Pays : France,
Portugal
Durée : 2h 13mn
Année :
2001
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