Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     


 

 

 

 

 
Minority Report (c) D.R. MINORITY REPORT
de Steven Spielberg
Par Gilles LYON-CAEN


SYNOPSIS : La société du futur a éliminé le meurtre en se dotant du système de prévention le plus sophistiqué du monde. Dissimulés au cœur du Ministère de la Justice, trois extralucides captent les signes des violences homicides et en adressent les images à leur contrôleur, John Anderton, chef de la " Précrime ". Muni de toutes les informations nécessaires, celui-ci n’a plus qu’à lancer son escouade aux trousses du " coupable "… Devenu justicier après la disparition de son fils, Anderton s’est investi dans sa tâche, convaincu que la " Précrime " serait le meilleur remède à sa douleur et la réponse la plus adaptée aux obsessions sécuritaires de ses concitoyens…


....................................................................

POINT DE VUE

  Minority Report (c) D.R.
Washington, 2054. Devant un écran qui propose des parcelles d’images de violence homicide, un homme agite ses bras. Il choisit, isole et analyse un fragment. Ses mains recouvertes de gants aux extrémités lumineuses permettent d’entrer dans l’image, de manier le zoom, de débusquer les cadres dans le cadre : son rôle est, littéralement, de faire parler les signes. Signes précurseurs qui prédisent tout en laissant une part énigmatique à élucider : telle est la tâche du service de la " Pré-crime ". Quelque chose d’étrangement beau, d’élégant, émane de la chorégraphie de l’agent John Anderton (Tom Cruise) : tronc fixe, buste immobile qui alterne arrêts et gestes syncopés. Un langage du corps qui permet un agencement des formes, que l’œil découvre et ne comprend pas tout à fait.

La société du futur selon Spielberg : l’homme face au mur de l’image, une incompréhension et une recherche de la connaissance qui procède par étalonnage de flots d’images. Vision qui rappelle la pensée de l’image de contrôle des films de De Palma, mais qui diffère dans son caractère prémédité : il s’agit moins d’arrêter l’image pour en trouver, contrôler ici l’origine (d’où vient-elle ? est-elle vraie ?), qu’ordonner déjà la suite de l’histoire (où va-t-on maintenant ?). L’image ne ment pas, elle ordonne, affirme qui elle est, tout en proposant une probable et future résolution. Nulle source de l’image (on la connaît) mais un flux (que dit-elle ?) qui laisse parfois échapper l’angle de vision de la victime. Ce flux met en place dès lors la détection des lieux de la Pré-crime : étude de l’arrière-plan, étude de la configuration spatiale, des perspectives. Il faut ensuite établir la prévention du meurtre : si l’image prédit, je dois prévoir, m’organiser à partir d’elle. La distance qui sépare le futur du présent se dissout dans la suspension d’une image déjà connue et visionnée : le geste du coupable, stoppé net. De ce feuilleté temporel aux mécanismes codifiés émerge néanmoins un principe d’ignorance : la Pré-crime est-elle infaillible ? Prévention/détection/répression sont les trois mots d’ordre qui la régissent. Soit le schéma militaire d’une obsession sécuritaire, nouvelle angoisse du siècle en cours.