SYNOPSIS :
Jin-Ah et Hye-Mi, deux jeunes femmes
de la même génération, vivent sous le même
toit. Mais là s'arrête leurs similitudes. En effet,
tandis que Hye-Mi poursuit des études modèles,
Jin-Ah se fait engager en tant que call-girl au Birdcage Inn... |
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POINT DE VUE
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Wild Animals ayant
connu un échec retentissant, Kim Ki-duk ne trouve pas
d’autre moyen pour réaliser un nouveau film que de
participer au concours de scénario organisé
par l’équivalent coréen du CNC, la KOFIC. Est-ce
pour cela que Birdcage Inn est peut-être le film
le plus " identifiable " de son cinéaste ?
Au croisement de la comédie adolescente et du mélodrame
social, Birdcage Inn s’installe dans un village portuaire,
grisâtre et aux plages barrées par les usines.
Dans ce contexte industriel déliquescent, l’hôtel
de passe constitue le dernier refuge de l’imaginaire, avec
ses néons bariolés et ses promesses de plaisir.
La beauté surnaturelle de Jina l’identifie d’ailleurs
comme une star déchue au milieu des hommes, mais exerçant
toujours la même fascination. Construisant son film
sur des contrastes poétiques, associant ses héroïnes
à la grisaille du jour et aux lumières artificielles
et bariolées de la nuit, Kim Ki-duk travaille un symbolisme
pas seulement chromatique qui convoque immédiatement
le mélodrame.
Birdcage Inn est
cependant avant tout le récit de l’amitié profonde
qui naît entre deux jeunes filles. Toujours à
la limite du candide, le film se permet ainsi des images dépourvues
de toute ambiguïté, exaltant au contraire l’innocence
de cette rencontre. Autour d’elles, les hommes passent et
se croisent, porteur d’autant de stratégies pour résister
à la toute-puissance de la beauté féminine.
Car plus encore que dans Crocodile, la femme est souveraine,
malgré les coups et les brutalités qu’elles
subissent. En effet, le désir qu’elle suscite leur
est étranger : plaisir devenu travail pour la
prostituée, ou refus du sexuel pour la jeune fille,
embarrassée de son éducation.
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Avec une croyance absolue en l’animal
humain, Kim Ki-duk identifie très vite les obstacles
qui s’opposent à la réalisation de cette amitié,
pour mieux les faire contourner par ses personnages. Tout
ici avance par la grâce de la compassion, et de l’identification
à l’autre. Dans les films de Kim Ki-duk, les relations
humaines s’épanouissent en effet toujours dans le renoncement
nécessaire à une part de soi, indispensable
à l’accueil de l’autre : choix qui les engage,
et ouvre sur une possible fraternité. Ainsi, les barrières
de classe s’aplanissent dans une séquence de filature
où l’étudiante, pourtant si fière de
sa supériorité intellectuelle, se glisse le
temps d’un après-midi dans les loisirs peu exigeant
de sa rivale. La question en suspens est celle du " bon
choix ", de savoir sur quelle pente va entraîner
l’autre. Une inquiétude qui parsème les films
de Kim, et qui s’exprime d’une manière feutrée
dans Bridcage Inn, notamment dans un générique
final des plus ambigus : l’image des deux jeunes femmes,
vue comme par un animal aquatique, se brouille et se déforme
dans les reflets du courant, jusqu’à la défiguration.
L’univers de la prostitution, Kim Ki-duk y retournera pour
son dernier film, Bad Guy, annoncé par son cinéaste
comme un prologue à Birdcage Inn : le récit
d’une étudiante contrainte à vendre son corps
Inquiétude moderne par son ambiguïté, le
" happy end " du film n’effaçant
pas la persistance de l’échec dans lequel stagne les
personnages.
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Titre : Birdcage Inn
Titre VO : Paran
Daemun
Réalisateur :
Kim Ki-Duk
Scénariste :
Kim Ki-Duk
Acteurs : Lee Hye-Eun,
Lee Jee-Eun, Jang Dong-Jik, Ahn Jae-Mo
Directeur de la photographie :
Suh Jung-Min
Compositeur : Lee
Moon-Hui
Ingénieur du son :
Ahn Sang-Ho
Monteur : Ko Im-Po
Chef décorateur :
Kim Ki-Duk
Producteur : Lee
Kwang-Min, Yu Hee-Sook
Production : Boogui
Cinema, Corée du Sud
Pays : Sud-corée
Année :
1998
Durée : 1h 40
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