MERCREDI 28 AOUT
2002 - SOIREE D’OUVERTURE
Et ça recommence.
19h : une file d’attente compacte, brisée par
intermittences par ceux qui ont la chance de pouvoir s’asseoir,
du portail de l’auditorium du Forum des Images jusqu'à
l’église St Eustache ; le regard, encore inoccupé,
s’accroche à des silhouettes, des visages familiers,
pour les avoir vus au même endroit l’an dernier. Une
affluence massive, mais calme, de gens de bonne compagnie
venus se rassasier d’excès en tout genre. L’Etrange
Festival s’ouvrait ce soir, à 20 heures, pour sa dixième
édition. Le film d’ouverture, Ichi the Killer
de Takashi Miike, y fut projeté pour la première
fois en France. Bien que ce film déjà culte
circule en VCD ou DVD d’import, la projection de ce soir constituait
un mini-événement, puisqu'il sera présenté
dans sa version " uncut " de plus
de 2h. En effet, des censeurs sourcilleux y ont expurgé
des versions vidéo disponibles tout épanchement
sanglant.
Un nouveau jingle accueille les spectateurs, encore embrumés
par la longue attente et l’effervescence régnant dans
un auditorium bondé : l’Etrange Festival définitivement
iconisé sur le principe d’un sample visuel astucieux,
chaque édition étant représenté
par une image emblématique des explorations cinéphiliques
de la manifestation (érotisme et violence, gore), sur
fond de " fuck " assourdis. Animation
tranchante, ressassement de pulsions primaires, couleurs irisées
et glaciales et adjonction mythique du " X "
(qui fait du terme " Etrange Festival "
un label, un logo)…Une entrée en matière clinquante
aux airs de pièce montée qui promet d’emblée
de combler le pur plaisir des sens.
Ouverture - et dixième anniversaire - oblige, des allocutions
furent prononcés à tour de rôle par la
nouvelle directrice du Forum des Images, Laurence Herszberg,
et les deux organisateurs Frédéric Temps et
Gilles Boulenger. Outre les habituels remerciements aux partenaires,
au premier rang duquel Agnès B., la ville de Paris
et la Fondation du Japon, on en retiendra surtout le rapide
historique que Frédéric Temps - peu habitué
à s’exprimer en public, comme il le rappela pour ouvrir
son discours - prit le temps de rappeler, afin de mieux resituer
la décade d’Etrange écoulée : de
la naissance du désir de monter une opération
permettant de " voir sur un écran ce qu’on
avait envie d’y voir ", jusqu'à cette édition
anniversaire. Visiblement ému, Frederic Temps termina
en empruntant à un autre grand promoteur du cinéma
bizarre, l’indispensable Professeur Thibaut malheureusement
absent, sa formule fétiche : " Stay
sick ! ". On ne saurait mieux dire.
Avec sa bonhomie habituelle, le Monsieur Loyal de la manifestation,
Gilles Boulenger himself, réitéra la volonté
des organisateurs d’offrir au public une édition inoubliable,
avec l’assurance que les invités annoncés seraient
effectivement présents - on se souviendra des problèmes
rocambolesques de passeport, rencontrés par Barbara
Steele, qui empêchèrent sa venue l'année
dernière. Gilles Boulenger termina par l ‘évocation
de la mémoire de la productrice et réalisatrice
Doris Wishman, pionnière de la sexploitation
new-yorkaise, morte il y a un mois (l’un de ses derniers films,
Let Me Die a Woman/ Laissez-moi être une Femme
(1978) fut projeté à l’Etrange Festival en 1999).
Cette 10e édition lui est par ailleurs dédiée.
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LUNDI 2 SEPTEMBRE 2002
Plusieurs rediffusions aujourd’hui
de films déjà chroniqués. Mais l’événement
de la soirée - voire du festival - était la
projection en avant-première mondiale de… Blood
Feast 2 : All U Can Eat, en présence de M.
Herschell Gordon Lewis et de son actrice et co-productrice,
Melissa Morgan. Il n’était pas dit que nous en aurions
fini avec lui à la chronique précédente…
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