SYNOPSIS :
Dans une petite ville de Floride,
une maniaque sanguinaire assassine et mutile plusieurs jeune
fille. La police enquête mollement, mais personne ne soupçonne
Souad Ramsès, le suave traiteur égyptien :
c’est pourtant lui l’auteur de ses crimes affreux, nécessaire
au rituel d’adoration de la déesse Ishtar : réunir
les ingrédients d’un banquet cannibale… |
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POINT DE VUE
Débitant son speech
réglé à la perfection jusque dans ses
clins d’œil, et qu’on imagine mille fois répété
aux quatre coins du monde devant tous les déviants
de la planète depuis quarante ans, Herschell Gordon
Lewis était là ce soir à l’Etrange Festival
pour présenter son film. Devenu un personnage à
la Daniel Clowes, il prit soin, entre deux sourires, d’annoncer
la projection de Blood Feast 2 demain soir : " Come
to Enjoy " ! marchand de pellicule devenu consultant
en communication, HGL apparut fidèle à l’image
de sympathique escroc qu’on lui prête.
Dans la sous culture américaine,
Blood Feast est un monument, le mot étant à
prendre aux pieds de la lettre : un objet dédié
au culte. Jusqu’ici visible en vidéo sur des copies
médiocres, le film passait pour plus nul encore qu’il
n’est. En effet, à force d’en avoir vu des extraits
dans tels ou tels films, exhibés comme des fétiches
trash, le film originel avait comme disparu sous ses influences
revendiquées, enseveli dans le ressassement de
l’hommage rendu. D’autre part, on a pu lire et entendre que
Blood Feast était un film " innocent ",
naif, et dont le plus grand intérét etait précisément
ses apparences de ratages complet. Blood Feast c’est
l’anti-légende, l’objet parfait de la cinéphilie,
qui n’aime rien tant qu’idolâtrer de mauvais films invisibles.
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La projection de ce soir,
dans une copie acceptable, permit de re-découvrir le
film et d’en goûter tous les errements, tous les ratages
et toute sa lucidité critique. Sorte de remake de La
Momie transposé en Floride (Souad Ramsès
est une pénible imitation de la suavité de Boris
Karloff), Le ridicule des décors et des accessoires
opère cependant dans l’explicite le plus total :
Blood Feast ne parle que d’une société aseptisée
et plastique, celle des Etats-unis consumériste des
années 60. insi, trait de génie involontaire
sans doute, l’idole Ishtar n’est autre qu’une mannequin de
grand magasin attifé d’un rideau : l’idole sanglante
se confond avec une actualisation moderne du Veau d’Or. Tout
est affaire de consommation, d’ingestion : La grande
idée du film est sans doute d’avoir entériné
les connexions entre la violence sexuelle, nourriture et pulsions
meurtrières de manière parfaitement explicite.
Le corps féminin n’est plus qu’enveloppe plastique,
contenant une bouillie sanglante.
Blood Feast n’est
pas un mauvais film : c’est de la laideur 24 images par
secondes, un cauchemar WASP où gicle la haine et le
mépris de l’Autre, de l’étrange étranger,
de la femme, des rites païens et de tout ce qui n’est
pas lisse, propre et mesuré. Blood Feast défie
la critique par son caractère absolument atroce, d’où
il est difficile de séparer l’involontaire du prémédité.
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Titre : Blood Feast
Réalisateur :
Herschell Gordon Lewis
Ecrit par : Allison
Louise Downe, David F. Friedman, Herschell Gordon
Lewis
Acteurs : William Kerwin,
Mal Arnold, Scott H. Hall, Thomas Wood, Connie
Mason, Lyn Bolton
Musique : Herschell
Gordon Lewis
Durée : 67 minutes
Pays : USA
Année : 1963
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