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  ETRANGE FESTIVAL 2002

CROCODILE

de Kim Ki-duk
Par Yves GAILLARD


SYNOPSIS : Crocodile vit sur les quais de la rivière Han qui traverse Séoul, en compagnie d’un jeune garçon des rues et d'un vieux mendiant. Il subsiste en récupérant les corps des suicidés, pour les rendre à leur famille contre de l’argent. Une nuit pourtant, il brise un de ses principes, celui d’attendre la mort effective de son " butin ", et sauve une jeune femme déçue en amour par un fiancé indélicat. Elle s’installe au côté de la belle équipe, et en modifie les règles imperceptiblement.

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POINT DE VUE

  Crocodile (c) D.R.
Premier long-métrage de Kim Ki-duk, Crocodile est pour son cinéaste le terme d’un périple européen qui débuta par Paris. Casquette vissée sur la tête et gestuelle gauche de jeune homme timide, Kim Ki-duk était loin de l’imagerie de " mauvais garçon " qu’on lui prête. Volubile, c’est par le détail qu’il décrivit ses voyages, et le temps qu’il passa à Palavas-les-Flots, à peindre.

Kim Ki-duk affirme ne pas avoir vu beaucoup de films, et avoir débuté Crocodile dans l’ignorance de règles fondamentales du langage cinématographique. Au vu du film, cette affirmation ne manque pas d’étonner, tant les formes d’un romantisme de la marginalité qu’il y déploie convoquent un certain cinéma " post- ", de Jean-Jacques Beinex à Carax. Lumière bleutée et élégie du déglingué compose dès lors un univers à l’esthétisme un peu désuet. De même la situation initiale se révèle minorée par un caractère allégorique un peu maladroit, en réunissant trois générations masculines sur les quais du fleuve pour mieux le modifier par l’intrusion d’une femme. Ce parti pris allégorique, rédhibitoire chez Kim Ki-duk, trouvera son achèvement provisoire dans L’Ile, film-poème ou le minimalisme scénaristique légitimera les symboles.

Le film s’attache alors à noter les évolutions de la meute virile dominée par la force de Crocodile, en passant par la constitution d’une simili-famille pour aboutir à la dissolution finale. Peintre de formation, Kim Ki-duk connaissait sans doute déjà les sirènes d’une mise en système pour ne pas y tomber : et Crocodile se distingue surtout par la brutalité fantasmatique qu’il place en son personnage principal. Comme en de ça d’un romantisme de l’échec, Crocodile n’est animé que par un impérieux désir vital. Prenant tout d’abord la forme d’une haine dirigée contre tous, le désir qui anime Crocodile se canalise dans l’amour pour la belle sortie des flots. Un revirement que le film ne prend guère la peine d’expliquer, et pour cause : cet amour et la promesse d’un avenir qui l’accompagne bascule bien vite dans la vengeance accomplie en son nom. Tout est affaire de souffrance et de violence ici, et le don de soi doit forcément en passer par la reconduction d’une colère égoïste qui s’affirme comme primordiale. Et ce n’est pas l’illusion fugace d’une famille de substitution qui motive cet anti-héros, mais l’impossibilité où il se trouve d’élaborer un projet incluant un autre que lui-même. De même l’illusion amoureuse cède au dernier instant devant la puissance de l’instinct de survie : et Kim Ki-duk de nous offrir une des séquences les plus bouleversantes de ce festival pour asséner une dernière fois que la vie et son combat sont, une fois pour toute, souveraines et individuelles.



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Etrange Festival 2002
 :
Site du festival
Objectif Cinéma : le festival jour après jour vu par Yves Gaillard




Titre
 : Crocodile
Titre VO : Ag-O
Réalisateur : Kim Ki-Duk
Scénariste : Kim Ki-Duk
Acteurs : Cho Jae-Hyun, Jon Mu-Song, An Jae-Hong, U Yun-Gyung
Assistant réalisateur : Ki Un-Sok
Chef opérateur : Yi Dong-Sam
Lumiére : Kim Sung-Gu
Montage : Park Gok-Ji
Musique : Yi Mun-Hee
Son : Yi Mu-Sob
Maquillage : Ju Un-Jung
Directeur de production : Kim Sun-Young
Producteur : Kim Byung-Su
Production : Production Joninbang, Joyoung Film
Pays : Corée du sud
Année : 1996
Durée : 1h40