LA POURSUITE IMPLACABLE
/ REVOLVER de Sergio Sollima
Par
Yves GAILLARD
SYNOPSIS:
Markopoulos, un magnat du pétrole d’une grande influence,
est assassiné en pleine rue, à Paris. Le cadavre
de son meurtrier est bien vite retrouvé, mais il est
trop mutilé pour être identifiable. L’affaire est
classée.
Pendant ce temps à
Rome, Vitto Caprini (Oliver Reed est un homme comblé :
il vient d’épouser une femme aimante et ravissante
(Agostina Belli), et cet ancien policier occupe maintenant
un poste à haute responsabilité, directeur d’une
prison. Mais un jour cette vie bourgeoise et confortable se
brise : sa femme a été enlevée,
et ses ravisseurs exigent la libération de l’obscur
Litto Ruiz (Fabio Testi) en échange de sa femme. Vitto
s’exécute non sans crise de conscience, faisant évader
ce petit truand sans envergure ni relations. Les choses tournent
mal, l’échange n’a pas lieu, et la femme de Vitto
est emmenée à Paris. La seule monnaie d’échange
pour Vitto est Ruiz, et c’est ensemble que les deux hommes
suivront la trace de la jeune femme en France, pourchassés
par la police et menacés par la mafia. Mais Vitto découvre
que Ruiz ne doit être " récupéré "
que pour être éliminé : l’homme en
sait trop, et pourrait constituer un témoin capital
dans le meurtre de l’industriel Markopoulos, une affaire pas
si simple que les autorités ont voulu le faire croire,
et dans laquelle sont compromises des personnalités
aussi diverses qu’une star de la chanson, un bandit corse
et des membres du pouvoir judiciaire.
Revolver s’offre comme un
Poliziechetti ennobli par la présence de star internationale
mais toujours pourvu d’une vision sociale populiste :
en se plaçant au niveau du citoyen moyen. Confronté
à une violence qui le dépasse. Mais que fait
la justice ? Elle absout, pour emprunter au titre d’un
film d’Enzo Castellari. L’avancement social du héros
incorruptible, ancien policier devenu directeur de prison,
signale l’inscription dans le genre cité plus haut,
et en même temps son dépassement. L’impitoyable
loi des puissants ne s’applique plus seulement à l’échelle
d’une ville comme dans le Poliziechetti traditionnel, mais
à un échelon européen.
Est-ce du fait de sa destination
au marché international ? Revolver recèle
peu de ces flamboyances cathartiques qui font le prix du cinéma
de genre italien. La réalisation de Sergio Sollima
se fait au contraire elliptique, mais toujours animée
d’une ironie un brin sarcastique, notamment envers son pauvre
héros dont les travers misogynes et intolérants
sont systématiquement épinglés. L’unique
motivation de Vitto Caprini, le petit homme confronté
à une machination qui le dépasse est l’amour :
cela sera signifié dans une courte séquence,
sans doute la plus poétique du film, ou la fusion amoureuse
s’exprime par une image raffinée dans sa justesse graphique.
Le film vaut surtout pour la qualité de son interprétation,
réunissant Oliver Reed et Fabio Testi. Si la performance
de Reed, bestial et impulsif à souhait, repose avant
tout sur son personnage d’Hercule fiévreux (cf. Love
ou plus encore Les Diables) pour mieux travailler le
thème de l’impuissance des " petits "
face à l’autorité, c’est bien les opérations
portées sur Testi qui retiennent l’attention. Abonné
parmi de nombreux autre aux incarnations du " beau
ténébreux " tout au long de sa filmographie,
Testi interprète ici un gigolo pasolinien prenant soudain
conscience de l’injustice du monde. Il y a dans le film de
Sollima une certaine ironie dans la monstration de ce corps
anonyme à force d’actualiser un stéréotype,
et soudain animé d’une conscience politique.
Titre français : La Poursuite
implacable Titre VO : Revolver
/ Blood in the Streets Réalisé par
: Sergio Sollima Ecrit par : Massimo
De Rita, Arduino Maiuri & Sergio Sollima Acteurs : Oliver
Reed, Paola Pitagora, Fabio Testi, Agostina Belli,
Frédéric de Pasquale, Reinhard Kolldehoff,
Sal Borgese, Peter Berling, Bernard Giraudeau,
Marc Mazza, Daniel Beretta, Steffen Zacharias,
Calisto Calisti, Giuseppe Pallavicino, Michel
Bardinet, Giacomo De Michelis, Carla Mancini,
Amato Garbini, Orazio Stracuzzi, Marco Mariani,
Jean Degrave, Franco Moraldi, Ottavio Fanfani,
Gianni Bortolotti, Jacques Herlin, Bernd Stephan Image : Aldo Scavarda
Montage : Sergio
Montanari Direction artistique :
Carlo Simi Décorateur de plateau :
Carlo Simi Création des costumes :
Carlo Simi Musique de : Ennio Morricone,
et Daniel Beretta (chanson) Production : Geissler,
Mega Film, Société Nouvelle de Cinématographie Producteur : Ugo
Santalucia Pays : France / Italy
Langue : Italien Année : 1973