SYNOPSIS :
Une interprétation transgressive
du classique de Max Ophüls et de la pièce d’Arthur
Schnitzler |
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POINT DE VUE
La rétrospective
Kim Ki-duk nous avait un peu fait perdre de vue l’hommage
rendu à Masaru Konuma, prolifique auteur de " roman-porno "
à tendance S&M. Après l’agréable
surprise – dans tous les sens du terme- que constitua Esclave
de la Souffrance (cf. chronique du mercredi 4 septembre),
c’est avec un a priori des plus favorables que nous nous rendîmes
à la projection de La Ronde, film tourné
la même année et se réclamant dans son
titre et sa structure de type " marabout-bout-de-ficelle "
et du chef d’œuvre de Max Ophuls, et de la pièce d’Arthur
Schnitzler.
Mais…Fatalitas ! La
Ronde est une comédie pornographique navrante de
sottise, dont l’humour consiste à ensevelir sous une
musique de fanfare des ébats qui vont de la pédophilie
au viol. Certains esprits pervers et de mauvaise foi pourront
peut-être s’amuser de quelques gags laborieux à
base de dentier et de resserrement vaginal : trop rares
instants où le cinéaste semble manifester une
lassitude si grande envers son travail qu’il en vient à
l’excès. Parfois terrifiant dans l’absence de toute
distance critique quand à la place donnée à
la femme (jouet pour vieillard ou matrice pour mari lubrique),
le film semble passer en revue les figures de l’érotisme
japonais, du fantasme hideux de la collégienne et des
vieillards, aux déchirements violents du Pinku avec
la relation incestueuse d’un frère et d’une sœur. Mais
cela ne dépasse pas le niveau des intentions, tant
le filmage paresseux et les coutures grossières du
récit font barrage à toute réflexion
de la part du spectateur égaré dans tant de
médiocrité.
Reste les séquences
S&M, intéressantes en ce qu’elles constituent l’aboutissement
du parcours amoureux et sexuel de deux personnages :
une jeune femme libérée vivant en concubinage
avec un homme volage, et son amant cinéaste. Un peu
de récit s’immisce dans la succession des sketches
scabreux, et dans un film où le sordide est la norme,
la mini-idylle qui se noue là déploie un peu
d’intelligence portée aux enjeux du plaisir et du sentiment.
Dès lors ces séquences S&M s’offrent quasi-comme
des instants de tendresse, parcourus des frémissements
amoureux de la victime volontaire. Ce fil rouge constitue
par ailleurs pour le cinéaste l’occasion d’une belle
séquence, où tandis que son premier amant savoure
les faveurs buccales d’une autre, il assiste du haut d’un
manège au départ de cette femme qu’il aime pourtant.
Dans la bouillie, un peu du vertige schnitzlérien subsiste.
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Titre : La Ronde
Titre VO : Rinbu
Réalisateur :
Masaru Konuma
Durée :
93 minutes
Pays : Japon
Année :
1988
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