SYNOPSIS :
Un ex-taulard, patron d'un bar de
Tokyo, sait qu'il ne lui reste qu’une semaine avant d'être
assassiné. Il entame alors une histoire d'amour désespérée
et volcanique avec une jeune prostituée. |
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POINT DE VUE
Shabondama Elegy
(1999) est le récit rétrospectif, conté
par la jeune femme endeuillée, de l’amour sensuel et
total entre une entraîneuse japonaise (interprétée
par Hoshino Mai) et un occidental en cavale, pourchassé
par la police et les yakusas : et à qui, de ce
fait il ne reste qu’une semaine à vivre. Hors de toute
chronologie, le film s’offre comme une expérience de
la confusion.
Ian Kerkhof est relativement
connu pour son film Wasted !, une plongée
abrasive dans le milieu techno hollandais. Dans son œuvre
méconnue, mentionnons seulement le titre d’un de ses
documentaires, et dont les sonorités expriment à
merveille le mélange d’agressivité transgressive
et de lyrisme qui pourrait caractériser son cinéma :
Merzbow, Beyond Ultra-Violence. Ça ne s’invente
pas, et ça inspire d’emblée une saine curiosité.
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Débutant comme un
polar, Shabondama Elegy abandonne très vite
les rives du narratif pour adopter une démarche esthétique
violemment hétérogène, aux confluents
de formes documentaires et expérimentales. Les influences
occidentales et japonaises s’y heurtent de manière
aussi brutale que les corps des amants : la musique minimaliste
et primale de Otomo Yoshihide se mêlent à des
balades folk, faisant éprouver la différence
radicale de deux cultures dans leurs expressions du sentiment.
De même les temporalités, les régimes
d’images : tout concourt à souligner les opérations
de collage, au sens pictural du terme. Ayant tourné
en DV, Kherkof compose des images saturées et grouillantes,
retouchées jusqu’à la défiguration la
plus totale par un usage intensif d’effets de superposition
et d’incrustation. Dès lors la trajectoire amoureuse
des deux amants, qui en passe par leurs jeux sexuels, se donne
à voir dans les violences faites à une image
hardcore " originelle ", défigurant
pou mieux atteindre une vérité poétique.
Librement inspirée
de la vie de son actrice principale, la Porno Star Hoshino
Imai, Shabondama Elegy questionne également
la pornographie comme le lieu d’une soumission forcée,
ou la réduction de soi à l’état d’objet
de plaisir s’offre comme la conséquence d’une vie brisée
par les sévices sexuels. À ce propos, Kherkof
s’attaque avec une ironie féroce à la méthode
psychanalytique en en donnant à voir très littéralement
la nature masturbatoire.
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Précision quant au titre, énigmatique :
il trouve son origine dans une comptine connu de tous les
enfants japonais. " Shabondama " exalte
le sacrifice nécessaire au nom de la communauté,
au travers du récit de la coutume imposée aux
mères adultères d’abandonner dans la montagne
ou dans une rivière le fruit de leurs amours interdits.
Venu répondre aux questions du public à l’issu
de la projection, Kherkof cita son actrice principale pour
qui la barbarie de cette comptine synthétiserait l’âme
japonaise. Shabondama Elegy ne se distingue dès
lors pas par son absence d’ambition même si l’extrême
foisonnance du film a le don d’égarer son spectateur.
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Titre : Shabondama Elegy
Réalisateur :
Ian Kerkhof
Scénario : Ian
Kerkhof
Acteurs : Thom Hoffman,
Hoshino Mai, Ito Kiyomi
Camera : Tsuji Thomohiko
Montage : Ben Hendriks,
Ian Kerkhof
Direction artistique
: Yoshimura Kei
Musique : Otomo Yoshihide
Production : Suzuki
Akihiro
Distribution : Upstream
Pictures
Pays : Japon, Nederland
Durée :
86 min
Année :
1999
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