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Shabondama Elegy (c) D.R. ETRANGE FESTIVAL 2002

SHABONDAMA ELEGY

de Ian Kerkhof
Par Yves GAILLARD


SYNOPSIS : Un ex-taulard, patron d'un bar de Tokyo, sait qu'il ne lui reste qu’une semaine avant d'être assassiné. Il entame alors une histoire d'amour désespérée et volcanique avec une jeune prostituée.

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POINT DE VUE

  Shabondama Elegy (c) D.R.
Shabondama Elegy (1999) est le récit rétrospectif, conté par la jeune femme endeuillée, de l’amour sensuel et total entre une entraîneuse japonaise (interprétée par Hoshino Mai) et un occidental en cavale, pourchassé par la police et les yakusas : et à qui, de ce fait il ne reste qu’une semaine à vivre. Hors de toute chronologie, le film s’offre comme une expérience de la confusion.

Ian Kerkhof est relativement connu pour son film Wasted !, une plongée abrasive dans le milieu techno hollandais. Dans son œuvre méconnue, mentionnons seulement le titre d’un de ses documentaires, et dont les sonorités expriment à merveille le mélange d’agressivité transgressive et de lyrisme qui pourrait caractériser son cinéma : Merzbow, Beyond Ultra-Violence. Ça ne s’invente pas, et ça inspire d’emblée une saine curiosité.

Shabondama Elegy (c) D.R.
Débutant comme un polar, Shabondama Elegy abandonne très vite les rives du narratif pour adopter une démarche esthétique violemment hétérogène, aux confluents de formes documentaires et expérimentales. Les influences occidentales et japonaises s’y heurtent de manière aussi brutale que les corps des amants : la musique minimaliste et primale de Otomo Yoshihide se mêlent à des balades folk, faisant éprouver la différence radicale de deux cultures dans leurs expressions du sentiment. De même les temporalités, les régimes d’images : tout concourt à souligner les opérations de collage, au sens pictural du terme. Ayant tourné en DV, Kherkof compose des images saturées et grouillantes, retouchées jusqu’à la défiguration la plus totale par un usage intensif d’effets de superposition et d’incrustation. Dès lors la trajectoire amoureuse des deux amants, qui en passe par leurs jeux sexuels, se donne à voir dans les violences faites à une image hardcore " originelle ", défigurant pou mieux atteindre une vérité poétique.

Librement inspirée de la vie de son actrice principale, la Porno Star Hoshino Imai, Shabondama Elegy questionne également la pornographie comme le lieu d’une soumission forcée, ou la réduction de soi à l’état d’objet de plaisir s’offre comme la conséquence d’une vie brisée par les sévices sexuels. À ce propos, Kherkof s’attaque avec une ironie féroce à la méthode psychanalytique en en donnant à voir très littéralement la nature masturbatoire.

  Shabondama Elegy (c) D.R.
Précision quant au titre, énigmatique : il trouve son origine dans une comptine connu de tous les enfants japonais. " Shabondama " exalte le sacrifice nécessaire au nom de la communauté, au travers du récit de la coutume imposée aux mères adultères d’abandonner dans la montagne ou dans une rivière le fruit de leurs amours interdits. Venu répondre aux questions du public à l’issu de la projection, Kherkof cita son actrice principale pour qui la barbarie de cette comptine synthétiserait l’âme japonaise. Shabondama Elegy ne se distingue dès lors pas par son absence d’ambition même si l’extrême foisonnance du film a le don d’égarer son spectateur.




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Etrange Festival 2002
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Objectif Cinéma : le festival jour après jour vu par Yves Gaillard




Titre
 : Shabondama Elegy
Réalisateur : Ian Kerkhof
Scénario : Ian Kerkhof
Acteurs : Thom Hoffman, Hoshino Mai, Ito Kiyomi
Camera : Tsuji Thomohiko
Montage : Ben Hendriks, Ian Kerkhof
Direction artistique : Yoshimura Kei
Musique : Otomo Yoshihide
Production : Suzuki Akihiro
Distribution : Upstream Pictures
Pays : Japon, Nederland
Durée : 86 min
Année : 1999