SYNOPSIS :
Opératrice pour un centre d’appel
anti-suicide, Tatsumi (Asuka Kurosawa) mène une existence
monotone auprès de son vieux mari, un riche homme d’affaire.
Un jour, elle reçoit un paquet de photos la surprenant
dans ses jeux érotiques solitaires ; le mystérieux
expéditeur la contacte par téléphone, et
dit avoir été sauvé du suicide par la persuasion
de Tatsumi. Sous prétexte d’un chantage, il amène
la jeune femme à se réaliser dans ses fantasmes,
en échange des négatifs compromettants. Le mari
réalise |
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POINT DE VUE
Depuis Bullet Ballet,
le système mis en place par Shinya Tsukamoto d’alterner
petite production indépendante et film de prestige
semble rôdé. Ainsi, Snake of June marque
un retour à une forme brute, heurtée, qui convoque
le souvenir de son premier film Tetsuo, lui aussi focalisé
sur le parcours chaotique vers la délivrance d’un personnage
aliéné. Cependant, à ces réminiscences
s’oppose une objection majeure : l’abandon par son cinéaste
d’un univers référentielle qui a fait sa gloire,
brassant mythe du super-héros, fétichisme viril
et déviances sexuelles S&M. Meme Bullet Ballet,
son film le plus " sage ", reposait sur
la figure du " vigilante ", mythe urbain
du retour de la justice sauvage.
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Lors de la désormais
traditionnelle discussion d’après projection, Shinya
Tsukamoto eut une phrase éclairante résumant
son cinéma, et ouvrant la réflexion sur son
dernier film : " dans une ville comme Tokyo,
on peut cultiver son esprit, mais pas son corps ".
La ville, l’étiolement du corps, la polysémie
poétique du mot " culture "…Autant
de thèmes clé chez ce cinéaste. En en
passant à nouveau, après Gemini, par
un personnage féminin, Tsukamoto entreprend un rapport
au corps et à ses pulsions plus direct, débarrassé
des gadgets phalliques qui faisaient confluer dans ses films
une sous-culture hétéroclite. Même si
Snake of June marque le retour inattendu des prothèses
et autres déformations métallo-chaireuse, l’usage
elliptique qu’en fait Tsukamoto - et toujours en association
aux personnages masculins - les signale comme des opérations
poétiques ponctuelles, ne constituant en aucun cas
le cœur de son propos . ces oripeaux pop le cinéma
de Tsukamoto semble avoir atteint une pleine mesure de ses
moyens artistiques.
Snake Of June est
dès lors plus une réflexion sur le désir
de vivre et sur la maladie que le drame érotique attendu.
Si le corps, et la question de comment vivre avec, reste l’un
des sujets favoris du cinéaste (d’où peut-être
son succès dans nos contrées avides de transcendance),
il se donne désormais dans l’apaisement, et surtout
dans une ouverture à l’autre (l’autre sexe, l’autre
tout court) qui n’exclut plus la tendresse. Ça cogne
encore dur, mais la caresse est possible. Plongé dans
une nuit pluvieuse continuelle, le film prend ainsi
comme figure majeure l’éclosion, processus qui advient
sans effort dans la nature - comme en témoigne les
images panthéistes qui parsèment le film - mais
qui exige chez nous, pauvres humains névrosés,
de la douleur et du renoncement. Snake of June travaille
ainsi une symbolique ouvertement cosmologique témoignant
du souci de son auteur de travailler ses problématiques
sur un plan plus universel.
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Titre : Snake of June
Titre VO : Rokugatu
No Hebi
Réalisateur :
Shinya Tsukamoto
Scénario : Shinya
Tsukamoto
Acteurs : Asuka Kurosawa,
Yuji Kohtari, Shinya Tsukamoto, Tomoro Taguchi,
Susume Terajima, Mansaku Fuwa, Teruko Hanahara
Musique : Chu Ishikawa
Costumes : Hiroko
Iwasaki
Photo : Shinya Tsukamoto
Monteur : Tsukamoto
Shinya
Musique : Chu Ishikawa
Producteur : Shinya
Tsukamoto
Production : Giappone,
Kaijyu Theater Co.
Durée : 1h17
Année :
2002
Pays : Japon
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