SYNOPSIS :
Mitch Davis (William Brooker) est
victime d’un grave accident qui le laisse défiguré.
Mais il développe des dons para-psychiques étonnants,
que le gouvernement s’empresse d’étudier. Devenu cartomancien
misérable, il conclut un pacte avec une hideuse sorcière
(Elizabeth Lee) : il deviendra son amant, mais en échange
elle lui rendra son visage perdu. Devenu un personnage reconnu,
Mitch Davis est contacté par la police pour l’assister
dans la traque d’un maniaque homicide. La sorcière, dont
seul Mitch peut voir la laideur, les autres s’extasiant sur
la beauté de sa " secrétaire ",
l’accompagne. |
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POINT DE VUE
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Ce film dont Herschell Gordon Lewis ne fut
" que " le réalisateur et le chef
opérateur, a été co-écrit avec
James F. Hurley, un universitaire féru d’étude
sur les pouvoirs du psychisme humain. Herschell Gordon Lewis
lui-même est un passionné de science occultes-
doublé d’un fervent patriote : il est bien connu
(du moins pour nos deux compères) que les Russes développèrent
des programmes de recherche sur les pouvoirs para-psychiques
durant la Guerre Froide ; les Etats-unis répondront
à coup de films. Dès lors Something Weird
peut se goûter comme un " effort de guerre "
visant à sensibiliser son public aux enjeux du paranormal.
La présence d’un personnage très " Bondien "
accuse l’opportunisme du projet. Ai-je dit qu’il y a aussi
du karaté ?
Alternant des séquences à la mise en scène
inexistante, épuisant les préfixes de " théâtral ",
et de petits moments réellement inventifs, Something
Weird porte bien son nom. Le caractère didactique
du projet impose des passages à vides redoutables,
mais si évidemment bâclés qu’il en émane
un charme apaisant. Sans aller chercher une postérité
au film, on ne peut que constater l’originalité référentielle
à l’œuvre dans le mélange du polar et du fantastique.
Récit Faustien, Something Weird brasse les influences,
et dévoile une facette inconnue, et malheureusement
abandonnée par la suite " gore a go-go ",
de son cinéaste : celle d’un lettré, mélangeant
les classiques et le vernaculaire avec la justesse du connaisseur.
On s’amusera ainsi beaucoup à déceler les références
à l’univers du comics (William Brooker EST Double-Face),
ou au personnage de Morlacki, héros de feuilleton et
détective de l’occulte crée par l’écrivain
James Hodgson.
Mais Something Weird recèle
d’autre part quelques incursions, bien rares chez ce cinéaste
plus proche de la pornographe, dans le fantastique pur et
l’onirisme : cela ne dépasse pas le chromo, mais
dispense un charme naïf qui atteint une certaine grâce
poétique. Et il y en a pour tous les goûts :
pour les pervers, une séquence rougeâtre de trip
au LSD, et pour les amateurs pervers l’idée géniale
et redoutablement économique d’une couette tueuse.
Mais trêve de sarcasme, Something Weird s’en
charge très bien tout seul par une dose massive d’auto
ironie dépourvue de toute complaisance.
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Titre : Something Weird
Réalisateur :
Herschell Gordon Lewis
Scénario :
James F. Hurley, Herschell Gordon Lewis
Acteurs : M. Arums,
W. Brooker, T. Heil, E. Lee, T. McCabe
Chef opérateur :
Herschell Gordon Lewis
Année :
1967
Pays : USA
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