Avec
Bloody Sunday
Paul Greengrass réussit, par une reconstitution minutieuse
et hyperréaliste des événements, à
livrer un film bouleversant et percutant. Symbole d’une paix
retrouvée dans les esprits britanniques et irlandais,
Bloody Sunday enterre la hache de guerre et restera
gravé dans les mémoires comme un film- amnistie
rétablissant la vérité grâce au
livre témoignage de Don Mullan,
Eyewitness Bloody
Sunday, dont s’est inspiré le film.
Un film en forme d’hommage aux 3000 personnes qui ont trouvé
la mort depuis le début des événements
en Irlande du Nord.
Exorciser la souffrance
Revenir dans un esprit de réconciliation sur ce
drame traumatisant du 30 janvier 1972 pour mieux exorciser
la souffrance et la douleur accumulées en trente ans
de guerre civile : telle est l’idée maîtresse
du projet de Greengrass.
Après le dernier cessez le feu de 1998, producteurs
et réalisateurs ont tenu avec ce film à analyser
les raisons du conflit et mettre tout cela en perspective.
Pour bien comprendre les enjeux et les tensions en place à
cette époque, il faut savoir qu’en 1970 deux forces
agissent au sein de l’Irlande du Nord. D’un côté
le Mouvement des Droits Civiques, qui prône une égalité
entre catholiques et protestants et lutte contre la discrimination
pratiquée par le gouvernement protestant envers les
catholiques d’Irlande du Nord. Le Mouvement veut manifester
pacifiquement sans affrontement et sans violence.
De l’autre, l’IRA (Irish Republican
Army) qui veut obtenir par la lutte armée l’unification
des deux Irlandes.
Le film permet donc d’engager le débat après
de longues années de combats et de prendre du recul
par rapport à cet événement pour en mesurer
aujourd’hui toutes les conséquences morales et humaines.
Une fois la guerre apaisée, les accords signés,
le cinéaste, citoyen britannique, porte à présent
un regard plus aiguisé, plus vrai et plus radical sur
l’événement.