POINT DE VUE
Mark Romanek signe un
thriller au suspens angoissant et dresse le portrait magistral
d’un psychopathe incarné par un Robin Williams remarquable
et inquiétant à souhait.
L’idée de Photo
Obsession part d’un postulat assez original : que
peut-il se passer si la personne qui développe vos
photos se met à vivre votre propre existence par procuration ?
Qu’il se prend pour l’oncle de votre fils et décide
d’intervenir de manière plus radicale dans vos problèmes
de couple ?
Mark Romanek s’inspire des
films des années 70 comme Le locataire ou Taxi
Driver et décide de mener son film du point de
vue du maniaque plutôt que de la victime.
Le cinéaste montre
ainsi l’oppressante claustration d’un individu solitaire étouffé
par ses secrets, aliéné par son environnement
et l’engrenage qui l’amène au bord de la folie. Le
spectateur rentre donc de plein pied dans l’existence de Sy
Parrish et dans la solitude qui le ronge, errant avec lui
entre les rayons du supermarché aseptisé où
il travaille et son intérieur bien rangé.
Sy évolue dans un
monde stérile, entre les néons du supermarché,
les façades et les rayonnages d’un blanc aveuglant.
Un univers esthétiquement très dépouillé
avec un traitement clinique de l’image qui semble déteindre
sur Sy.
En effet, comme contaminé
par cet univers aride et factice, Sy devient mentalement malade.
Tout nous y renvoie. Son costume gris et terne contraste avec
les vêtements colorés et chauds de la famille
Yorkin. Les Yorkin semblent ainsi - quand ils sont présents
en chair et en os, ou sur les photos - apporter un rayon de
soleil, un peu de couleur et de chaleur humaine dans la vie
de Sy.
Sy n’a que son travail dans
sa vie, et par l’intermédiaire des photos de la famille
Yorkin qu’il développe en double, il vit avec eux leurs
joies, leurs peines, leurs vacances, leurs anniversaires,
croyant réellement faire partie intégrante de
cette famille.
Une vie par procuration
malsaine et dangereuse fabriquée à partir d’images
et d’imagination qui ne peut être que sublimée,
faussée, donc décevante par rapport à
la réalité. Une déception qui survient
dans la deuxième partie du film et vient habilement
relancer la dynamique narrative.
Mais plus qu’une déception
pour Sy, c’est une trahison qui va le mener à l’affrontement
et le faire basculer dans la violence.
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