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Photo obsession (c) D.R. FESTIVAL DE DEAUVILLE 2002

ONE HOUR PHOTO

de Mark Romanek
Par Florence POMMERY


SYNOPSIS : Sy Parrish est un homme effacé et timide qui dirige depuis des années le laboratoire photo de SavMart, une grande surface. Il vit seul, adore son métier et fait preuve de perfectionnisme dans sa manière de développer les négatifs. Des centaines de photographies, sur lesquelles figure la famille Yorkin, tapissent les murs de son logement. Depuis des années, les Yorkin viennent en effet porter leurs pellicules à SavMart. Ces derniers symbolisent la famille de banlieue parfaite et Sy ne peut s'empêcher de suivre leur évolution à travers les doubles de leurs photos. Mais un jour, Bill Owens, le directeur de la grande surface, le met à la porte. Sy ne tarde pas à trouver une série de clichés montrant Will Yorkin pris en flagrant délit d'adultère. Consterné par le comportement de ce père de famille, il décide d'agir.

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POINT DE VUE

Mark Romanek signe un thriller au suspens angoissant et dresse le portrait magistral d’un psychopathe incarné par un Robin Williams remarquable et inquiétant à souhait.

  Photo obsession (c) D.R.
L’idée de Photo Obsession part d’un postulat assez original : que peut-il se passer si la personne qui développe vos photos se met à vivre votre propre existence par procuration ? Qu’il se prend pour l’oncle de votre fils et décide d’intervenir de manière plus radicale dans vos problèmes de couple ?

Mark Romanek s’inspire des films des années 70 comme Le locataire ou Taxi Driver et décide de mener son film du point de vue du maniaque plutôt que de la victime.

Le cinéaste montre ainsi l’oppressante claustration d’un individu solitaire étouffé par ses secrets, aliéné par son environnement et l’engrenage qui l’amène au bord de la folie. Le spectateur rentre donc de plein pied dans l’existence de Sy Parrish et dans la solitude qui le ronge, errant avec lui entre les rayons du supermarché aseptisé où il travaille et son intérieur bien rangé.

Sy évolue dans un monde stérile, entre les néons du supermarché, les façades et les rayonnages d’un blanc aveuglant. Un univers esthétiquement très dépouillé avec un traitement clinique de l’image qui semble déteindre sur Sy.

Photo obsession (c) D.R.
En effet, comme contaminé par cet univers aride et factice, Sy devient mentalement malade. Tout nous y renvoie. Son costume gris et terne contraste avec les vêtements colorés et chauds de la famille Yorkin. Les Yorkin semblent ainsi - quand ils sont présents en chair et en os, ou sur les photos - apporter un rayon de soleil, un peu de couleur et de chaleur humaine dans la vie de Sy.

Sy n’a que son travail dans sa vie, et par l’intermédiaire des photos de la famille Yorkin qu’il développe en double, il vit avec eux leurs joies, leurs peines, leurs vacances, leurs anniversaires, croyant réellement faire partie intégrante de cette famille.

Une vie par procuration malsaine et dangereuse fabriquée à partir d’images et d’imagination qui ne peut être que sublimée, faussée, donc décevante par rapport à la réalité. Une déception qui survient dans la deuxième partie du film et vient habilement relancer la dynamique narrative.

Mais plus qu’une déception pour Sy, c’est une trahison qui va le mener à l’affrontement et le faire basculer dans la violence.