Le film ne peut toutefois
éviter quelques écueils, notamment dans la caractérisation
de son personnage principal. Le cinéaste nous présente
le personnage de Sy comme un être complexe. Ainsi, le
spectateur n’a aucune explication sur les raisons du comportement
obsessionnel de Sy, ses éventuelles douleurs cachées
ou son absence de famille. C’est la partie mystérieuse
du personnage. Mais aussi un élément capital
dans la compréhension du film qui se trouve relégué
au second plan par le récit.
Ce n’est que dans la toute
dernière scène qu’est livrée l’information
cruciale sur le passé de Sy, mais elle arrive trop
tard dans le récit, " comme un cheveu sur
la soupe ". Même s’il était exclu de
recourir à des flash-back pour ne pas alourdir la mise
en scène, des indices auraient été bienvenus
au lieu de laisser le doute planer tout au long du film et
de lâcher une explication mal amenée - et donc
indigeste - pour le spectateur à la toute fin du film.
Il est vrai que le point
de vue du film fait se resserrer l’action sur les liens entre
la famille et Sy Parrish - et non sur le passé de Sy
- , mais le personnage aurait gagné en épaisseur
et en crédibilité avec une caractérisation
plus poussée.
Photo Obsession est
un film envoûtant et fascinant, louchant parfois vers
le Psychose de Hitchcock pour son côté
voyeur et inquiétant et vers Truman Show de
Peter Weir par la vie fictive que Sy se fabrique à
partir d’images (fixes cette fois) de la famille Yorkin.
Le film s’inscrit dans la
droite lignée des films de psychopathe et exploite
intelligemment et brillamment cette thématique du sentiment
effrayant - et dérangeant - qu’un étranger puisse
tout connaître de vous, de votre vie et de votre famille.
Mais, au final, le cinéaste
se retire du jeu et limite la prise de risque. Il laisse tomber
son personnage principal pour verser dans un mi-happy end
trop facile. Un film magistral et obsédant donc mais
qui nous laisse sur notre fin. Dommage.
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Titre : Photo Obsession
Titre VO : One
hour photo
Réalisateur :
Mark Romanek
Acteurs : Robin
Williams , Connie Nielsen , Michael Vartan , Gary
Cole
Scénario : Mark
Romanek
Photo : Jeff Cronenweth
Musique : Reinhold Heil,
Johnny Klimek
Production : Killer
Films, Laughlin Park Pictures
Distribution : UFD
Festival : Festival
de Deauville 2002 (prix du jury ex-aequo, prix
Journal du dimanche du public, prix des lecteurs
de Première)
Sortie France :
18 sept 2002
Année :
2002
Durée :
1h38
Pays : USA
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