SYNOPSIS :
Dans un petit village japonais, une jeune lycéenne assiste
impuissante à la folie générale qui s’empare
peu à peu de sa contrée : ne concernant d’abord
qu’un seul homme, c’est bientôt toute la ville qui est
saisie d’une fascination morbide pour le motif de la spirale.
Cette obsession se traduire finalement par la transformation
des habitants en escargots géants. |
....................................................................
|
POINT DE VUE
Nouvel exemple du renouveau
du genre fantastique au Japon, Uzumaki est, comme Ring,
l’adaptation cinématographique d’un succès de
librairie, en l’occurrence le manga du même nom crée
par Junji Itto. Mais, premier film d’un cinéaste plus
connu pour son travail d’artiste vidéo, Uzumaki
se démarque du Kaidan Eiga brillamment
remis au goût du jour par Hideo Nakata, pour n’en conserver
que quelques composantes, au premier lieu desquelles figure
l’inscription du film dans un contexte à mi-chemin
du film adolescent et d'une trame horrifique traditionnelle
(en l’occurrence ici le récit de " Body Snatcher "). En
s’offrant comme un récit d’apprentissage, Uzumaki
apparaît dès lors comme plus " classique "
que les machineries de Nakata, aussi précises dans
la construction de l’angoisse que, somme toute, vides de tout
discours.
Ainsi l’intérêt
premier de Uzumaki réside dans le refus d’une
esthétique fantastique de la suggestion, au profit
d’une extrême littéralité de ses images
horrifiques. En reproduisant quasi telles quelles les images,
aussi entêtantes qu’horribles, imaginées par
Itto, Higunchinski renoue avec un art du grotesque qui renvoie
aux classiques du genre, des films de Nobuo Nakagawa aux monstres
rigolos issus du bestiaire japonais mis en scène dans
les Youkai Eiga des années 50. Travaillant ses
images dans une quasi-monochromie d’où se détachent
violemment les flamboyances colorées des diverses mutilations
et meurtres, le film élabore une forme volontiers surannée,
parvenant à mêler volonté d’hommage à
un cinéma aujourd’hui disparu, à une certaine
inventivité dans le recours à des régimes
d’images variées, de la vidéo amateur au cartoon
le plus outré.
Cependant, pour qui connaît
le travail profondément graphique du mangaka Itto,
qui tire une grande part de sa force expressive de la maîtrise
des subtilités du travail à l’encre, une adaptation
cinéma de son œuvre-maitresse semblait impossible.
D’autant que la construction " en spirale "
du manga, dont le récit semble se déployer autour
de ses images puissantes, composant un catalogue de variations
morbides sur le motif de la torsion, constitue un véritable
piège pour le cinéaste sans imagination, en
en appelant à la transposition servile.
|