|
|
|
|
Conçu dans une optique réflexive,
le film choisit de travailler son origine en multipliant les
opérations de mise à distance, avec la volonté
ambitieuse et affichée de faire le tour de la question
de la transmutation du plomb (un manga) en or (une œuvre filmique)
en mélangeant des codes rhétoriques et plastiques
issues du romanesque, du cartoon et du manga. Comme souvent
dans une telle tentative où les échecs sont
légion (n’est pas Bava qui veut), le film souffre beaucoup
de son hétérogénéité formelle,
hésitant sans cesse entre un formalisme " pop "
et distancié assez agaçant, et une certaine
inventivité déjà signalée dans
le maillage entre une horreur " classiquement "
grotesque et bariolée et des motifs contemporains ;
notamment l’emploi toujours efficace - jusqu’à quand ?
- de l’image vidéo comme instrument d’inquiétante
étrangeté. L’incohérence formelle confine
cependant à la maladresse impardonnable lorsque la
défiguration opère sans réelle justification,
convoquant soudain les dérives du recours au numérique,
quelque part entre le hideux Qui veut la peau de Roger
Rabbit et les déformations atterrantes prodiguées
à la louche par un Jean-Marie Poiré.
Au final, l’opération
peut-être la plus fascinante dans Uzumaki est
le travail quasi expressionniste porté sur le jeu des
acteurs : les gestes sont hachés, les expressions forcées
jusqu’à atteindre les stylisations grimaçantes
à l’œuvre dans les codes du manga. Ceci vaut principalement
pour le personnage de la jeune héroïne, seul être
" normal " de cette communauté
gagnée par la folie, et paradoxalement rendue plus
inquiétante par l’absence totale de spontanéité
dans son jeu. La transposition audacieuse des personnages,
comme manufacturés, du manga rend d’autant plus frappante
la défiguration qu’ils subissent, confrontant intelligemment
le régime formel de la fixité et de la torsion.
De là à parler de baroque…
|
|
Titre :
Uzumaki
Director :
Higuchinsky
Scénario :
Takao Nitta
Base sur le manga :
Uzumaki
Crée par :
Junji Ito
Voix :
K. Goshima, S. Saito, K. Sekino, C. Maruyama,
Y. Saito, T. Saito
Images :
Gen Kobayashi
Son :
Keiichi Suzuki, Tetsuro Kashibuchi
Planning :
Dai Miyazaki
Directeur de la production :
Hiroshi Hayashida
Producteurs exécutif :
Mitsuru Kurosawa, Toyoyuki Yokohama Producteur :
Sumiji Miyake
Année :
2000
Durée :
90 min
|
|
|