POINT DE VUE
L’ensemble des courts-métrages
présentés recouvre une période allant
de 1964 à 1987, une période faste pour le cinéaste
japonais, enchaînant projets personnels et séries
pour la télévision. S’inscrivant dans le credo
des projets personnels, ces courts-métrages dévoilent
la partie immergée de l’œuvre de Tezuka, celle qui
s’éloigne des grosses productions télévisées
pour rejoindre le domaine de la création pure et de
l’expérimentation. Toute la richesse créative
personnelle de Tezuka atteint ici sa pleine maturité,
libérée des contraintes économiques du
système de production télévisuel.
Les cinq courts peuvent
être rangés en deux thématiques chères
à Tezuka : La goutte, Le saut et
La Sirène, sont rattachés à un
travail lié à l’expérimentation, Tezuka
étant reconnu comme un pionnier de l’animation expérimentale
sur le plan international.
Le film cassé
et La légende de la forêt, réalisés
en 1985 et 1987, participent d’un hommage de Tezuka aux pionniers
de l’animation d’Emile Cohl à Disney en passant par
les frères Fleischer. Deux thématiques très
personnelles qui s’enrichissent l’une l’autre, trouvant son
aboutissement dans le magnifique La légende de la
forêt où Tezuka allie son goût pour
l’expérimentation à son admiration pour les
maîtres de l’animation américaine.
Film muet élaboré
musicalement autour de la 4ème Symphonie
de Tchaïkovski, La légende de la forêt
constitue une des œuvres les plus inventives sur les quatre
présentées. La plus aboutie techniquement et
la plus captivante, autant au niveau narratif que plastique.
Dévoilant tout le talent d’un animateur hors pair,
cette tétralogie malheureusement inachevée constitue
un des projets les plus personnels de Tezuka dans les thèmes
abordés.
Tezuka voulait, à
travers ce film, rendre hommage à l’histoire du cinéma
d’animation nord-américain. Mais, au-delà de
cet hommage aux pionniers de l’animation comme Winsor Mc Cay
et Disney, Tezuka se penche sur les liens qu’entretient l’homme
avec la nature, le film se présentant comme un pamphlet
destiné à réveiller les consciences sur
la place accordée à la nature par l’homme. Pour
Tezuka, la nature constituait une part de la vie globale de
la Terre. Il croyait en la réincarnation et à
la continuité de la vie comme une chaîne. Une
vision très asiatique de notre monde qui se rapproche
de celle de Miyazaki et qui se retrouve au cœur même
de l’intrigue de la Légende de la forêt.
Dans les titres d’abord.
Les deux actes subsistants sont intitulés: Conversation
entre les arbres et la forêt où l’on découvre
un petit écureuil orphelin dans son milieu naturel
qui lutte face à un impitoyable bûcheron et Sur
la colline de l’orage et de l’arc-en-ciel épisode
qui relate l’affrontement entre les esprits de la forêt
et une armée de bulldozers venus défricher la
forêt.
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