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Sweet Sixteen (c) D.R. FESTIVAL DE CANNES 2002
Sélection officielle

SWEET SIXTEEN

de Ken Loach
Par Lydie FERRAN


SYNOPSIS : Dans quelques jours, Liam aura 16 ans. Sa mère, Jean, qui est en prison, doit être libérée à temps pour l’anniversaire de son fils. Liam veut enfin que tout se passe bien. Il rêve d’une famille comme il n’en a jamais eue. Il veut un foyer, un endroit sûr pour sa mère, sa sœur Chantelle et lui-même. Encore faut-il trouver de l’argent et, pour un adolescent livré à lui-même, ce n’est pas une mince affaire. Il enchaîne les combines mais rapidement, c’est l’engrenage de la délinquance la plus noire. Il perd pied. Il faudrait partir mais peut-être est-il déjà trop tard.

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LA FUREUR DE MOURIR

  Sweet Sixteen (c) D.R.

" Sweet sixteen " est un Ken Loach sans concession, âpre, dur, un miroir de la société, sans effets, net, tranchant, sans espoir mais essentiel.

Le dernier film de Ken Loach est d’une violence sociale absolue.

Le réalisateur retrouve dans ce dernier opus, la noirceur de ses premiers films, celle par exemple de Family life (1971), sur la folie et la société, ou plus récemment, celle de Ladybird (1994), l’histoire vraie de cette mère désespérée que les services sociaux anglais veulent déposséder de ses enfants...

Dans Sweet sixteen, Ken Loach nous parle de jeunes adolescents écossais livrés à eux-mêmes, dans la jungle de villes laissées pour compte où le deal, la prison et le meurtre ont remplacé le travail, l’amour, le bonheur et font loi, définitivement ou presque, dit-il.

Liam, 15 ans, le jeune héros de l’histoire (formidable Martin Compston qui joue ici pour la première fois) s’enfonce inexorablement dans la spirale de la délinquance la plus sombre. Au tout début, il n’est qu’un petit revendeur de cigarettes, mais finira très, trop vite hélas, dealer et meurtrier, inévitablement, car il n’a pas le choix dans cette société en décomposition.

Il est attachant Liam, car toutes ses actions, il ne les entreprend que pour sa mère emprisonnée, véritable fil conducteur du scénario et qui doit être libérée dans quelques semaines, le jour de ses 16 ans.

Sweet Sixteen (c) D.R.

Le fils veut sauver la mère, recomposer à nouveau sa famille éclatée, avec sa sœur, son petit neveu qu’il adore. Alors il tente tout, Liam, désespérément, avec son meilleur ami, Pinball (très juste William Ruane), jouant sa vie à chaque instant. Une séquence le montre prêt à tuer un homme avec un cran d’arrêt, dans les toilettes d’un bar de nuit, aux ordres d’un réseau qui le domine, le manipule.

Au moment de passer à l’acte, les hommes dudit réseau l’arrêtent dans son geste fatal. Il s’agissait seulement d’un test, d’une initiation, afin de connaître les capacités, la volonté, le courage de l’adolescent. Il est félicité, Liam, on lui paie un verre, mais dès lors, on comprend que l’adolescent est perdu, piégé, prisonnier à son tour, que son avenir est sombre, anéanti, fermé. Définitivement.

Tout le corps de l’adolescent raconte cette histoire. Il est sans cesse blessé, Liam, sa peau est meurtrie, ensanglantée, son visage, tuméfié. Chantelle, sa sœur (la remarquable jeune actrice Annmarie Fulton), la seule qui tente de s’en sortir vraiment, en suivant des cours du soir - d’ailleurs elle finira par trouver un travail - le soigne, à chaque fois, comme un rituel, comme une infirmière, un combattant. Car il en est un, Liam, luttant au jour le jour pour les siens, jamais pour lui ou si peu.