C’est un petit bijou pour
ne pas dire une perle rare, ce
" The tune "
de Bill Plympton, étincelante d’invention et de poésie,
un dessin animé musical entièrement composé
à la main, sur cellulos (30000 dessins), comme autrefois,
en équipe réduite, au moyen d’un seul kit de
peinture à l’eau qui donne à l’ensemble, un
style épuré remarquable, une harmonie dans le
trait et les couleurs à dominante pastel, rappelant
par moments, le style du dessinateur Folon…
Le fond, romantique à souhait, comme la forme, simplifiée,
surprennent si l’on compare ce premier long métrage
de l’auteur à
" L’impitoyable lune
de miel " (1997) qui jouait la carte de la crudité,
de la modernité déjantées et ce à
tous les niveaux, esthétique comme narratif.
L’esthétique minimaliste délicate et touchante
de
" The Tune " provient d’abord
d’un manque de moyens financiers pour sa production, mais
qui apporte une formidable liberté artistique à
son créateur. Certaines séquences ont d’abord
été vendues comme courts-métrages afin
d’aider le financement du film, dont
" Un coup
de trop " (
" Push comes to
shove ") qui remporta le Prix du jury à
Cannes en 1991. Finalement, cette économie, dans un
premier temps limitée, se trouve être en fusion
totale avec le récit et son personnage principal, Del,
un jeune compositeur à la voix tendre, aux joues et
nez ronds et roses d’éternel enfant rêveur.
Il cherche La chanson, Del, Le tube
qui satisfera son odieux patron de chez Mega Music et qui
lui permettra surtout, de couler des jours heureux avec Didi,
la jolie secrétaire dont il est tendrement amoureux…
Mais c’est la panne sèche pour notre petit pianiste
et Mr Mega, le grand patron, lui lance un terrible compte
à rebours : lui fournir le tube désiré
en 47 minutes top chrono ou ce sera la fin de sa carrière
d’artiste. Comment trouver, retrouver l’inspiration ?
Del part alors pour un étrange et fabuleux voyage dans
une ville où un maire, une serveuse, un chien rockeur
ainsi qu’un Sage étonnant, lui confient un secret.
Tout est dans le cœur, le ressenti.
" Ignore
ce que tu ne sais pas et sache ce que tu sais ",
confie Gus à notre héros. Un conseil bien confus
pour le pianiste mais qui fera bientôt son chemin et
finira par résonner en lui véritablement. En
effet Del va redécouvrir l’émotion qu’il porte
dans son cœur, l’âme qui le définit et qui sera
la source, sincère et inépuisable de son inspiration,
de sa création future.