Bill Plympton s’en donne à cœur
joie dans la quête de son personnage et nous livre des
dessins d’une fantaisie folle, dans la forme, les objets, les
couleurs. Il nous offre un véritable ballet d’imagination,
une surprise en permanence renouvelée. Dans une pure
séquence d’humour et de poésie, la tête
de Gus, le Sage, se transforme en mille choses étonnantes :
train, fleurs, animaux… pour signifier à Del, que la
richesse est intérieure.
Puis il y a cette idée originale de l’auteur aussi, qui
affirme que les objets sont démesurés dans l’environnement
quotidien des Hommes parce qu’ils sont apeurés et veulent
se protéger, alors que si lesdits objets sont aimés,
ils reprennent taille normale. Del fait donc le test et parvient
à ouvrir son cœur, à partager ses émotions,
à les faire ressentir à autrui, ce qui lui vaudra
notamment la confiance d’un chien, lequel, devenu énorme
à son premier contact, rapetissera par la confiance retrouvée…
Del
visite également l’Hôtel du cœur en peine où
les désespérés viennent abandonner leur
tristesse, voire même mourir… L’humour, là aussi,
le dispute à une certaine gravité…
En effet, le film est sans cesse fait
de ruptures et fonctionne sur ce principe : ruptures
de tons, de graphismes, de couleurs. L’une des séquences
emblématiques de ce parti pris est celle où
deux hommes de Méga Music auxquels Del et Didi demandent
leur chemin, se font endurer les pires tortures, se haïssant.
Toutefois, le rythme et la continuité du récit
sont entravés ici par un procédé de rupture
hélas trop long, injustifié, même si l’on
sent le désir de Bill Plympton de s’amuser, de nous
amuser. C’est le seul bémol, la seule limite que l’on
peut attribuer à l’ensemble du film car c’est toujours
pour notre plus grand bonheur et avec subtilité, que
ces surprises interviennent, faisant briller nos yeux de mille
feux…
Comme les chansons pops américaines qui accompagnent
l’aventure vécue par le personnage, tout finit bien.
L’amour triomphe, l’inspiration revient au galop, les tubes
s’enchaînent. Le patron ira même jusqu’à
dévoiler un peu de sa sensibilité d’être
humain dans son immense bureau froid, vide et longiligne.
Quant à Del et son piano, ils s’envolent sur la chanson
nouvellement composée, enfin libérés
ou presque. Car c’est un duo improvisé avec la délicieuse
Didi qui finira par conquérir définitivement
le grand patron, une chanson d’amour éternelle… pour
finir de combler nos cœurs enfants éternels, comme
le souhaite sans aucun doute, l’ami Bill Plympton…
Titre : The Tune Réalisation :
Bill Plympton Musique : Maureen
McElheron Scénario :
Bill Plympton, Maureen McElheron, P.C. Vey Responsable artistique :
Jessica Wolk-Stanley Artistes : Jerilyn
Mettlin, Lorna Munson, Beth O’Grady, Beatrice
Schafroth, Leah Singer, Vincenza Zito Montage : Merril Stern Camera : John Donnely Son : Phil Lee Mixage : Jeremy Harris Distribution : ED Distribution Sortie : le 4 décembre
2002 Pays : Etats-Unis Année :
1992 Durée : 72 mn