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War Photographer (c) D.R. WAR PHOTOGRAPHER
de Christian Frei
Par Cécile GIRAUD


SYNOPSIS : War Photographer dresse le portrait sensible de James Nachtwey, photographe de guerre de renom, qui a couvert depuis vingt ans tous les plus grands conflits de notre monde : L’Afghanistan, la Bosnie, le Rwanda, l’Irlande du Nord, la Somalie…

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POINT DE VUE

  War Photographer (c) D.R.
War photographer vient s’inscrire dans une double mouvance : celle, très actuelle en ce dernier trimestre 2002 du documentaire sur grand écran, et celle plus discrète qui associe photographie et cinéma. On a toujours voulu tisser entre photo et cinéma des liens qui pouvaient les rapprocher (ce soi-disant reflet de la réalité, l’inscription dans un temps immuable). War photographer inscrit à la fois la photo dans le film et le photographe dans le champ de ce qu’il photographie, lui qui semblait définitivement appartenir au hors-champ.

Si le film se fait par instant photo, délaissant la frénésie qui l’habite, les peurs, les pleurs, laissant contempler la mort, la douleur en nous renvoyant à notre simple mais en réalité capitale et désagréable situation de spectateur, la photo peut-elle à son tour se faire film ? C’est ce que le réalisateur Christian Frei semble avoir voulu tenter : une mini caméra est fixée directement sur l’appareil photo. Cette caméra censée reproduire l’œil du photographe au moment même où il photographie, où il fait le choix d’appuyer sur le déclencheur, au moment où il vit ces évènements, dans la frénésie qui caractérise les batailles ou les deuils, fait basculer le spectateur du statut d’observateur (les plans reproduisant les photos) au statut d’acteur : la caméra qui devrait dédoubler l’appareil photo, être en quelque sorte un appareil photo filmique, joue le rôle d’une caméra subjective. Le cinéaste semble alors vouloir nous mettre dans la peau du photographe, mais nous sommes en réalité plus proches de la mécanique que de l’humain, puisque la caméra ne symbolise pas l’œil mais l’objectif. Nous voyageons alors au gré de ses mouvements. Si ce système fait un peu l’impression d’un gadget, une autre forme de plan, plus simple, est bien plus intéressante : le photographe filmé au sein des évènements. Il quitte alors le hors-champ qui semblait être sa seule place pour apparaître dans l’action, et ce genre de plan nous fait ressentir à la fois les horreurs absurdes de la guerre et le travail du photographe qui fait partie de l’action au même titre que ceux qu’il photographie. L’inclusion du photographe dans l’action nous fait également sentir qu’il n’est pas, lui non plus, qu’un simple observateur, garant de la mémoire des évènements et des hommes : il est participant. Ainsi nous précise-t-il qu’il ne laisse personne mourir sans tenter de le sauver (nourrir lors des famines, supplier lors d’un lynchage).