Alors que les proches du photographe
(amis, professionnels) nous font le portrait d’un homme exceptionnel
qu’ils aimeraient égoïstement mieux connaître,
ou que l’on voit les responsables du magazine " Stern "
choisir les photos en en écartant certaines dans une
indifférence qui semble totale à ce qui est
représenté, ce sont les paroles du photographe
lui-même qui nous touchent et nous convainquent. Il
nous parle de lui, de la naissance de ce qu’il considère
comme un devoir, de l’importance de son travail, de sa philosophie
de la photo : ni la photo ni la guerre ne sont dues au
hasard dans la vie de James Nachtwey. Peu importe que ses
amis nous disent qu’il est exceptionnel, les images, ses mots,
sa foi parlent d’eux-mêmes. Le contact qu’il a avec
ceux qu’il photographie, avec les paysages dévastés
qu’il immortalise comme des atrocités inutiles nous
fait comprendre instantanément que, plus qu’un témoignage,
le travail de James Nachtwey est une dénonciation.
Et si après vingt ans de guerre perpétuelle
les gens s’étonnent de ne pas le voir cynique, c’est
parce que " la photo est un antidote à
la guerre ", et qu’il est un des ingrédients
de cet antidote contre l’indifférence croissante de
nos sociétés. Malheureusement il ne semble pas
de taille face au capitalisme : aujourd’hui la pub a
pris la place de la guerre.
La violence au quotidien n’est qu’effleurée, les photos
de Nachtwey sur les guerres internes à son propre pays
ne sont pas même montrées, tout comme sa vie
aux Etats-Unis, elliptique, où la vie mondaine semble
lui être aussi pénible que les guerres qu’il
traverse. James Nachtwey le calme, le droit, se retrouve avec
ses photos, non des œuvres mais des objets de communication,
les alignant, les associant, les observant lors du développement
afin de recréer toute l’émotion du terrain.
Le communicant reste solitaire, laissant ses photos créer
des liens entre les mondes.
Titre : War photographer Réalisateur :
Christian Frei Production : Christian
Frei Montage : Christian
Frei Photographe : James
Nachtwey Musique : Eleni
Karaindrou, Arvo Pärt, David Darling Son : Florian Eidenbenz,
Ingrid Städeli, Martin Witz Assistante à la réalisation
et au montage : Barbara Müller Digital betacam cinématographie :
Peter Indergand, SCS Coproduction : Suissimage,
Swiss, Swiss National Television Date de sortie : 25
Novembre 2002 Type : Documentaire Durée : 1 h 36
mn Année :
2002 Pays : Suisse