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Rachida (c) D.R. CANNES 2002
UN CERTAIN REGARD

RACHIDA

de Yamina Bachir Chouikh
Par Jean-Michel WINGERTSMANN


SYNOPSIS : Rachida est une jeune et jolie fille de vingt ans qui enseigne dans un quartier populaire d'Alger. Un matin, alors qu'elle se rend à son travail sans porter le voile, elle est accostée par des terroristes parmi lesquels se trouve Sofiane, le frère de l'un de ses anciens élèves. Ils lui ordonnent de poser une bombe dans l’école où elle exerce. La jeune femme refuse, ils lui tirent une balle dans le ventre. Elle est très grièvement blessée, mais par chance survit, alors que " dans la réalité, l'enseignante en refusant pour protéger les enfants a été tuée comme l'ont été beaucoup d'enseignantes".

A sa sortie de l'hôpital, Rachida et sa mère décident de quitter Alger pour fuir la violence, et de se réfugier dans le village de Yasmina, une collègue. La mère et la fille réapprennent à vivre malgré la peur, Rachida recommence à enseigner. Elle se lie d’amitié avec Karima, une de ses élèves, dont le père est un terroriste mais Rachida ne le sait pas…

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POINT DE VUE

  Rachida (c) D.R.

Seul film Algérien sélectionné à Cannes, dans la catégorie " Un certain regard " avant de recevoir la Licorne d’or (Grand Prix du Jury -Prix du public) au festival d’Amiens, Rachida est une magnifique réussite. On ne peut que s'enflammer pour le premier long métrage de Yamina Bachir, salué par une ovation lors de sa projection cannoise. Elle débute dans le cinéma en 1973 au Centre National du Cinéma comme monteuse, pour des cinéastes comme Okach Touita, Abdelkader Lagta, Nouredine Mefti et Mohamed Chouikh, auteur de La Citadelle, qu’elle a épousé. Rachida a été un projet difficile à mettre en œuvre, il a fallu cinq ans d’abnégation et de détermination à sa réalisatrice pour réussir à le mener à bien dans un pays où la création cinématographique est moribonde. Rachida s’est imposé pour la réalisatrice comme " une thérapie " à un climat de terreur oppressant. Il est une catharsis pour l’Algérie entière.

Yamina Bachir Chouikh relate la vie quotidienne de deux femmes algériennes lambda en proie à la haine et à la souffrance. Elle dénonce avec virulence la folie meurtrière et la cruauté des hommes qui ravagent encore aujourd’hui l’Algérie et la plonge dans l’affliction et le chaos. Son film est un acte politique et citoyen, mais il est avant tout un devoir de mémoire au travers duquel elle fixe " sur la pellicule le désarroi des citoyens ordinaires, considérés jusque-là comme statistiques dans les bilans des atrocités ". Rachida est un film magnifique, fort, parfois dur, mais qui a toujours le désir de vouloir témoigner. Il est dédié à son frère Mohamed et à la mémoire de toutes les autres victimes du terrorisme algérien. Son film fonctionne aussi bien grâce à l’interprétation magistrale d’Ibtissem Djouadi incarnant Rachida qu’à Bahia Rachedi campant le rôle d’une mère courage.