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Salomé (c) D.R. SALOME
de Carlos Saura
Par Lydie FERRAN


SYNOPSIS : Aida Gomez répète un nouveau ballet. Très vite la chorégraphie, la musique, les décors prennent forme… Soudain on découvre une silhouette sur une chaise roulante… C’est Hérode, Tétrarque de Galilée. C’est son anniversaire.

Hérode exige que sa belle fille danse pour lui, quel qu’en soit le prix. Salomé refuse, n’ayant d’yeux que pour un saint homme qu’on appelle " le Baptiste ". mais lorsque ce dernier ignore ses tentatives de séduction, celle-ci, pleine de rage, finit par obéir à son beau-père et exécute pour lui une danse sensuelle et impudique. Hérode s’approche, victorieux, mais Salomé se rhabille. Elle ne demande qu’une chose : la tête de Jean le Baptiste.

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QUAND LE CINEMA EPOUSE LA DANSE…

" Salome " - Saura, comme une caresse pour nous parler sensuellement de danse et de Cinéma…

  Salomé (c) D.R.
Le dernier film de Carlos Saura, " une fiction musicale ", repose sur un principe qui lui est cher et qu’il a déjà brillamment développé dans Noces de sang" (1981) ou Carmen (1983) : le mélange de la fiction et du documentaire pour observer la naissance de l’Art, son mystère et sa beauté.

Salomé  se décompose en deux parties distinctes et complémentaires qui ont été tournées dans l’ordre chronologique du scénario, en utilisant la vidéo haute définition pour la première partie et le 35mm pour la seconde.

La première partie, didactique et plutôt documentaire mais se situant hors du temps par son esthétique et sa géographie même (un huis clos dans une salle de répétition aux éclairages divers), observe la création d’un ballet de flamenco autour du mythe biblique de Salomé.

Le maître de ballet, la célèbre chorégraphe et danseuse, ancienne Directrice du Ballet National d’Espagne, Aida Gomez, ainsi que le metteur en scène, sorte de double de Saura lui-même, dirigent les répétitions, cherchent, expliquent leurs intentions aux danseurs. Musique, lumières, costumes, maquillage, tout se met peu à peu en place. Nous sommes les témoins privilégiés de ce travail méticuleux en gestation. La caméra, selon ses valeurs de plans, choisit de fixer un visage, un regard ou de filmer le corps dans son intégralité, corps qui évolue dans l’effort. Elle scrute, s’arrête, épouse le ballet et nous place en spectateur privilégié, auprès des danseurs. Nous sommes au cœur même de l’Art, pas moins.

Salomé (c) D.R.

Saura parle de l’histoire des danseurs, de leur parcours aussi. Comment vient-on à la danse ? Chacun s’explique, raconte, les yeux brillants. Tous ont en commun une passion plus forte que tout, une découverte majeure venue de l’enfance, parfois pourtant dans un milieu social difficile, défavorisé, où l’Art est loin d’être une évidence… Humanité, humilité de ces danseurs qui donnent tout. Aida Gomez affirme que " la réalité ne l’intéresse pas ". Quand elle danse, c’est là qu’elle ressent la vie, les émotions de tout son corps au plus fort, confie-t-elle. Le mouvement est donc langage, don, émotion, vie, c’est ce que la caméra, autre langage, différent, parvient à capter par moments.

La deuxième partie du film est le ballet lui-même, dans la même salle intime de répétition que précédemment mais cette fois, sans paroles. L’on garde toutefois en nous, à ce stade, le souvenir de cet échange verbal antérieur qui nous permet donc d’appréhender le spectacle qui se joue, avec plus d’acuité.