SYNOPSIS :
Aida Gomez répète un nouveau ballet. Très
vite la chorégraphie, la musique, les décors prennent
forme… Soudain on découvre une silhouette sur une chaise
roulante… C’est Hérode, Tétrarque de Galilée.
C’est son anniversaire.
Hérode exige que sa belle fille danse pour lui, quel
qu’en soit le prix. Salomé refuse, n’ayant d’yeux que
pour un saint homme qu’on appelle " le Baptiste ".
mais lorsque ce dernier ignore ses tentatives de séduction,
celle-ci, pleine de rage, finit par obéir à son
beau-père et exécute pour lui une danse sensuelle
et impudique. Hérode s’approche, victorieux, mais Salomé
se rhabille. Elle ne demande qu’une chose : la tête
de Jean le Baptiste. |
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QUAND LE CINEMA
EPOUSE LA DANSE…
" Salome "
- Saura, comme une caresse pour nous parler sensuellement
de danse et de Cinéma…
Le dernier film de Carlos
Saura, " une fiction musicale ",
repose sur un principe qui lui est cher et qu’il a déjà
brillamment développé dans Noces de sang"
(1981) ou Carmen (1983) : le mélange de la
fiction et du documentaire pour observer la naissance de l’Art,
son mystère et sa beauté.
Salomé se décompose en deux parties
distinctes et complémentaires qui ont été
tournées dans l’ordre chronologique du scénario,
en utilisant la vidéo haute définition pour
la première partie et le 35mm pour la seconde.
La première partie,
didactique et plutôt documentaire mais se situant hors
du temps par son esthétique et sa géographie
même (un huis clos dans une salle de répétition
aux éclairages divers), observe la création
d’un ballet de flamenco autour du mythe biblique de Salomé.
Le maître de ballet, la célèbre chorégraphe
et danseuse, ancienne Directrice du Ballet National d’Espagne,
Aida Gomez, ainsi que le metteur en scène, sorte de
double de Saura lui-même, dirigent les répétitions,
cherchent, expliquent leurs intentions aux danseurs. Musique,
lumières, costumes, maquillage, tout se met peu à
peu en place. Nous sommes les témoins privilégiés
de ce travail méticuleux en gestation. La caméra,
selon ses valeurs de plans, choisit de fixer un visage, un
regard ou de filmer le corps dans son intégralité,
corps qui évolue dans l’effort. Elle scrute, s’arrête,
épouse le ballet et nous place en spectateur privilégié,
auprès des danseurs. Nous sommes au cœur même
de l’Art, pas moins.
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Saura parle de l’histoire
des danseurs, de leur parcours aussi. Comment vient-on à
la danse ? Chacun s’explique, raconte, les yeux brillants.
Tous ont en commun une passion plus forte que tout, une découverte
majeure venue de l’enfance, parfois pourtant dans un milieu
social difficile, défavorisé, où l’Art
est loin d’être une évidence… Humanité,
humilité de ces danseurs qui donnent tout. Aida Gomez
affirme que " la réalité ne l’intéresse
pas ". Quand elle danse, c’est là qu’elle
ressent la vie, les émotions de tout son corps au plus
fort, confie-t-elle. Le mouvement est donc langage, don, émotion,
vie, c’est ce que la caméra, autre langage, différent,
parvient à capter par moments.
La deuxième partie du film est le ballet lui-même,
dans la même salle intime de répétition
que précédemment mais cette fois, sans paroles.
L’on garde toutefois en nous, à ce stade, le souvenir
de cet échange verbal antérieur qui nous permet
donc d’appréhender le spectacle qui se joue, avec plus
d’acuité.
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