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Le Sourire de ma mère (c) D.R. FESTIVAL DE CANNES 2002 COMPETITION OFFICIELLE

LE SOURIRE DE MA MERE

de Marco Bellochio
Par Lydie FERRAN


SYNOPSIS : Ernesto est un peintre reconnu, divorcé. Il a un fils qu’il adore, le petit Léonardo. Un jour, sa vie est bouleversée par une incroyable nouvelle : l’Eglise romaine veut sanctifier sa mère assassinée. Dès lors, toute sa vie d’artiste, d’homme libre et athée, est remise en question…

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ENVOÛTANT BELLOCHIO…

  Le Sourire de ma mère (c) D.R.

Bellochio se confond avec Ernesto, l’artiste peintre du "sourire de ma mère " en filmant avec sensualité, le mystère d’une vie. Envoûtant…

Inclassable, étrange, envoûtant, tels sont les qualificatifs qui viennent spontanément à l’esprit après la projection du film de Marco Bellochio : Le sourire de ma mère. Le ton chaud des images (magnifique travail de la photo de Pasquale Mari), du décor ; les ralentis, la présence continue de la musique, religieuse, le jeu de Sergio Castellito, en apesanteur, l’originalité même du sujet (la béatification d’une mère), contribuent à créer une atmosphère hors du temps, suspendue, quasi inexprimable.

Ce film appartient avant tout au domaine des sens, du ressenti, du sensuel, de l’artistique au sens premier du terme…

Ce film est à vivre, à expérimenter plus qu’à analyser. Bellochio lui-même dit que le style dans ce film là, vient " après ", bien après ; qu’il a peut-être réalisé là, une sorte de " polar étrange ", certainement pas un film onirique. Ce serait simpliste de le définir comme cela, précise-t-il. Le terrain de la définition de l’œuvre est donc imprécis, ce qui lui confère force et singularité.

Le Sourire de ma mère (c) D.R.

" Si Dieu est partout alors je ne suis pas libre " analyse Léonardo du haut de ses sept ans, le fils d’Ernesto, artiste-peintre et protagoniste principal de l’histoire. En effet, c’est de Liberté dont il s’agit dans ce film : liberté intellectuelle, artistique ; liberté de pensée et de vivre en général.

D’ailleurs, Ernesto n’efface-t-il pas de son ordinateur dans une belle séquence picturale, monuments, saints, statues, représentations diverses pour dessiner à la place, un oiseau dans le ciel ? Quel symbole de liberté plus explicite que celui-là ? Il ne veut pas de Père, pas de mère, pas de Guide, Ernesto. Il est athée et l’affirme au Cardinal qui le reçoit au sujet de la béatification de sa mère assassinée par son frère fou…

Etant le dernier de la famille à apprendre la décision pontificale, Ernesto en est d’autant plus choqué.

Il entre alors dans une dimension nouvelle de sa vie, totalement inconnue de lui jusque là : celle du mystère, au sens du secret mais aussi au sens religieux du terme.

Pourtant, dans son environnement, tout semblait le porter déjà vers cela. Les fenêtres du bel appartement-atelier où il vit seul, sont des vitraux colorés. Les murs, le mobilier, ont une teinte rouge pouvant rappeler le sang du Christ, le sacrifice. Et l’Art qu’il exerce ne peut-il pas en quelque sorte, se rapprocher du religieux, du sacerdoce ? Aussi, quand Ernesto apprend la sanctification future de sa mère, abasourdi, remué, il ferme les volets de son bureau afin de se retrouver, se recueillir dans le noir…Dans le même ordre d’idée, son fils le questionne sans cesse sur la religion, le Pape, l’existence de Dieu car il suit des cours de catéchisme à l’école primaire. Ernesto est donc en permanence, ramené à la religion qu’il rejette pourtant.