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Le titre italien même
du film est clair à ce sujet : L’Ora di
religione, qui est aussi L’heure pour notre protagoniste,
de se poser la question centrale du sens même de toute
sa vie... Ernesto ne va pas tarder non plus, à tomber
amoureux de celle qu’il croit être, par malentendu,
le professeur de religion de son fils, " une femme
belle, très belle ", dit-il, ce qui contredit
totalement son opinion, sa vision de la croyante de base.
Jusqu’à présent, il pensait qu’une telle personne
ne pouvait être que laide, repoussante et forcément
dépassée…
Ernesto est donc chamboulé dans ses préjugés,
ses idéaux, ses convictions les plus profondes mais
cependant il ne doute pas vraiment de l’existence de Dieu.
Il est et demeure malgré tout, un athée convaincu.
Il conserve d’ailleurs jusqu’au bout, ce sourire moqueur,
incrédule, le même qu’avait sa mère, comme
on le lui précise souvent…
Derrière lui et quelques autres personnages plus blasphémateurs,
comme le Comte Bulla qui rêve d’une Monarchie absolue
contre le pouvoir tout puissant du Pape, Bellochio se cache,
tout en nous livrant des idées personnelles. Il critique
finement et sans en avoir l’air, le pouvoir tout puissant
et plein de contradictions de l’Eglise Romaine qu’il n’épargne
donc pas.
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A plusieurs reprises,
avant la décision définitive de sanctification
de la mère, il montre en plan large frontal, les représentants
du Vatican en rangs serrés-alignés, visages
sévères. Sur une musique autoritaire, sans appel,
ils incarnent un véritable tribunal.
Bellochio démontre également parfaitement, comment
la famille d’Ernesto fabrique l’histoire idéale de
cette mère, calcule les avantages matériels
à retirer d’une telle béatification… Ils sont
prêts à travestir la réalité, à
mentir, à faire mentir le frère fou, sans scrupules,
tandis qu’Ernesto, l’athée, l’artiste, se révolte,
confie son peu d’amour pour sa mère…
Le réalisateur nous place donc au cœur d’un petit
théâtre plus cruel qu’il n’y paraît,
où le Bien, l’intégrité ne sont pas forcément
les attributs du croyant, même professionnel. Bellochio,
l’artiste, s’identifie certainement et pour une grande part,
à la liberté d’Ernesto, remarquablement interprété
par son double, Sergio Castellito…
Le dernier plan s’achève sur son fameux sourire énigmatique
et la voix pure, religieuse, la musique, divine, présente
tout au long de l’œuvre. La frontière entre Art, liberté
et religion n’est donc pas si claire, nous dit Bellochio…
Le sourire de ma mère est un film dans
lequel il faut entrer sans résistance.
Se laisser porter est la meilleure des attitudes, sans chercher
à tout prix la signification, le raisonnement ou la
défaillance.
Et si parfois le propos est confus, c’est plutôt d’un
flou artistique dont il s’agit, comme en photographie, car
ce film-là mérite de se voir, se vivre comme
une œuvre d’Art, la sensibilité en éveil.
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Titre : Le Sourire
de ma mère
Réalisation :
Marco Bellochio
Scénario : Marco
Bellochio
Acteurs principaux
: Sergio Castellito, Jacqueline Lustig, Chiara
Conti, Alberto Mondini, Gianni Schicchi, Maurizio
Donadoni
Directeur de la photographie :
Pasquale Mari
Montage : Francesca
M. Calvelli
Costumes : Sergio
Ballo
Chef décorateur
: Marco Dentici
Musique originale et conseiller
musical : Riccardo Giagni
Festival : Cannes
2002 en sélection officielle (en compétition)
Production : Filmalbatros
et Rai Cinéma
Producteur : Marco
Bellocchio
Production : Rai
Cinema
Distribution :
Océan Films, France
Sortie : le 20
novembre 2002
Durée :
1h 42
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