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C'est le bouquet ! (c) D.R. C’EST LE BOUQUET !
de Jeanne Labrune
Par Nicolas JOURNET


SYNOPSIS : Tout commence par un coup de téléphone. A sept heures et quart du matin, Catherine reçoit un appel étrange, venant d'un homme qu'elle n'a pas vu depuis dix ans. Il lui demande si elle a bien vendu la chambre de bonne qu’elle possédait. Ce petit incident en amène d'autres qui, par accumulation, finissent par mettre à mal la vie jusqu’alors bien rangée d'une demi-douzaine de personnes.

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DANS TOUS LES SENS

  C'est le bouquet ! (c) D.R.

Jeanne Labrune a le don de parler de choses sérieuses... d'une manière pas sérieuse du tout. Dans le générique de C'est le bouquet !, la réalisatrice française décrit son film comme étant une fantaisie, un genre cinématographique original, drôle sans être comique, sérieux sans être prise de tête. Déjà dans Ca ira mieux demain, son dernier long métrage en date, Jeanne Labrune avait utilisé cette expression pour étiqueter son film. Mais, à l’époque, elle n’était pas vraiment parvenue à sortir des chemins battus et rebattus de la comédie de mœurs. Il se dégageait bien un ton nouveau ; sa manière de filmer la bourgeoisie et de croiser les personnages sortait du commun des films. Pourtant au bout du compte, l’adhésion n’était pas totale, le propos restant somme toute assez vain. Dans C'est le bouquet !, la problématique est différente. Jeanne Labrune arrive enfin à traduire sur grand écran la démarche artistique contenue dans le terme de fantaisie. Ni comédie pure, ni peinture social-triste, son deuxième film est un savant mélange des deux.

Comme dans sa première réalisation, Jeanne Labrune se sert de l'humour pour pointer le manque de communication inhérent à notre société. Mais cette fois la critique se fait plus précise, plus aiguisée. A travers un travail d'écriture remarquable réalisé en doublette avec Richard Debuisne, Jeanne Labrune égratigne une certaine catégorie d’individus. Des artistes (auteur de théâtre...) aux cadres supérieurs (analyste financier dans une start-up...), ses attaques portent sur une faune très parisienne dont elle démontre avec talent la suffisance et l’artificialité. Archétype de ce microcosme, le personnage de Catherine, magnifiquement interprétée par Sandrine Kiberlain, appartient à cette classe supérieure qui se sait dominante, à cette société " d‘en haut " qui prétend détenir la vérité, le mot juste. Du passage ou non du Mékong en Chine, et de quelques autres rappels géographiques voire culinaires (un restaurant cambodgien ne doit pas être assimilé à un restaurant chinois, la cuisine asiatique provoque la migraine à cause de sa richesse en glutamate…), à la référence systématique au docteur Freud pour analyser le discours d'autrui, la demoiselle au look très bobo est une professionnelle de la glose, une spécialiste de la remarque creuse.