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Sweet Sixteen (c) D.R. FESTIVAL DE CANNES 2002

SWEET SIXTEEN

de Ken Loach
Par Florence POMMERY


SYNOPSIS : Liam est prêt à tout pour avoir la vie de famille qu’il n’a jamais eue après la sortie de prison de sa mère, prévue la veille de ses 16 ans. Il rêve de lui offrir une caravane avec vue sur la Clyde, fleuve écossais : un endroit sûr où il pourrait vivre avec sa sœur loin de l’influence de son grand-père et de Stan, le compagnon de sa mère. Encore faut-il trouver de l'argent et, pour un adolescent sans le sou, ce n'est pas une mince affaire. Avec son ami Pinball, Liam monte quelques combines, mais les ennuis ne vont pas tarder à commencer...

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POINT DE VUE

  Sweet Sixteen (c) D.R.

Ken Loach, chef de file du cinéma social britannique, dresse un portrait émouvant et sans concession d’un adolescent écossais de quinze ans dans une ville rongée par la pauvreté et le crime.

Le cinéma britannique à portée sociale et humaniste revient en force sur nos écrans. Après All or Nothing de Mike Leigh, Ken Loach nous livre son dernier opus Sweet Sixteen, prix du scénario à Cannes cette année - interdit outre Manche aux moins de 18 ans pour cause de "langage grossier" - nous faisant rentrer de plein pied dans la galère d’un jeune adolescent enragé, qui pour sauver sa mère de l’enfer de la prison, se met au trafic de drogue.

Après l’Angleterre avec Regards et Sourires, l’Irlande avec Hidden Agenda ou encore l’Espagne avec Land and Freedoom, Loach choisi d’autopsier l’Ecosse et ses jeunes, un pays où environ 100 000 enfants connaissent la violence dans leur foyer et 75% quittent l’école sans qualification.

Au cœur des quartiers déshérités de Gleenock petite ville industrielle près de Glasgow, on découvre des adolescents marginaux qui jouent au chat et à la souris avec le flic du coin et font des trafics de cigarettes depuis l’âge de 7 ans pour gagner un peu d’argent. D'actes résolument illicites en violence enragée, adultes comme adolescents tentent d'améliorer leur ordinaire.

Sweet Sixteen (c) D.R.

A mesure que le film plante son décor et présente ses protagonistes, on se retrouve en terrain connu: même si la ville a changé, l'univers social et affectif est bien toujours celui de Raining Stones, de Ladybird et de My Name is Joe.

Mais si le cinéaste a souvent utilisé sa caméra ces dernières années pour filmer des conflits politiques, il revient ici à des thèmes majeurs de son cinéma : l’enfant et la famille. Des thématiques développées plus particulièrement au début de sa carrière avec Family Life en 1971, Black Jack en 1979 et Regards et Sourires en 1981, constat amer sur la situation de chômage des jeunes en Angleterre.

En revenant à des thèmes centrés sur l’individu, Loach se rapproche encore un peu plus de l’univers de son homologue Mike Leigh. Cinéastes s’inscrivant dans une veine sociale, ils restent différents mais se rejoignent sur plusieurs points: une toile de fond toujours désespérée voire sordide, des personnages plus vrais que nature avec un accent à couper au couteau (critère de classe incontournable outre-Manche) qui passent leur temps à galérer pour survivre et retrouver un semblant de dignité, au moins à leurs propres yeux. (une dignité au cœur du dernier film de Leigh). Enfin, les deux cinéastes savent comme personne saupoudrer leurs films d'un humour noir faisant mouche à chaque coup.