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Davos - Porto Alegre et autres batailles (c) D.R; DAVOS- PORTO ALEGRE
ET AUTRES BATAILLES

de Vincent Glenn,
co-écrit avec Christopher Yggdre
Par Marc LEPOIVRE


SYNOPSIS : Deux équipes de film, une à Davos l’autre à Porto Alegre, armées chacune d’une caméra, parcourent deux forums bien différents... Alors que la première filme les abords d’une forteresse suisse où on ne la laisse pas entrer, la seconde se fraie un chemin entre les centaines de débats qui animent Porto Alegre. "Davos Porto Alegre et autres batailles", c’est d’abord l’histoire de cette confrontation. C’est l’histoire du face à face entre ces deux Forums que beaucoup de choses distinguent mais qui ont en commun d’avoir été conçus à la fois comme lieux de pensée et lieux d’influence. Tous deux ont émergé en vue de peser sur les évolutions économiques et politiques de la planète. Construit comme une série d’allers retours entre la Suisse de Davos et le Brésil de Porto Alegre, le film est une tentative de saisir les idéologies et les intérêts en présences.

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UNE AUTRE INFORMATION EST POSSIBLE

Davos, Porto Alegre : deux noms célèbres qui ont fait la une des journaux, aux rubriques actualités internationales ou économie, et qui ont alimenté des discussions politiques passionnées. Les deux forums abordent clairement, chacun selon sa logique, la fameuse mondialisation et l’on a confusément le sentiment que c’est le destin de l’humanité, notre destin, qui s’y joue. L’enjeu n’est donc pas mince. Vincent Glenn, sans autre titre que celui de citoyen cinéaste (accompagné de Christopher Ygddre) a eu l’idée toute simple d’aller voir sur place, en l’occurrence au premier forum social de Porto Alegre en 2001, pour satisfaire une soif légitime de s’informer (le mot est important), de savoir, de comprendre. Et aussi d’envoyer deux équipes dans l’une et l’autre ville pour filmer les deux forums. Il s’agit presque de relever cinématographiquement le défi de cette simultanéité puisque les organisateurs de Porto Alegre ont symboliquement décidé que leur forum reprendrait exactement les mêmes dates que celui de Davos, comme pour rappeler que l’économie ne va pas sans son versant complémentaire : le social.

Ainsi, en termes de cinéma, ce documentaire a comme l’ambition de mettre en place un vaste champ contre-champ mais c’est bien plutôt la structure du montage parallèle qui imprime sa marque, donnant l’idée de deux droites parallèles destinées à ne jamais se rencontrer. On comprend alors que le film, dans son dispositif rhétorique, fonctionne en grande partie sur la figure du contraste. Le soleil de Porto Alegre contre la neige de Davos, la chaleur contre le froid, la lumière contre la blancheur, la chaleur humaine contre la froideur des rapports etc.

La différence est presque trop belle, trop parfaite, un poil manichéenne. Mais les organisateurs de Porto Alegre ont bien sûr songé à la symbolique dans le choix des dates et du lieu ; d’autre part force est de reconnaître que certains organisateurs et intervenants de Davos font tout pour entretenir une réputation de glacialité comme pour donner un équivalent humain à l’expression les rigueurs de l’hiver. En effet, alors que l’équipe de Porto Alegre a libre accès et peut pénétrer partout à sa guise, interviewer qui bon lui semble et trouver à chaque fois un interlocuteur disponible (y compris Lula, le futur président du Brésil), l’équipe de Davos, à qui on a refusé l’entrée, est réduite à filmer des médiations, en l’occurrence des écrans de télévision où l’on voit des intervenants du forum exprimer une volonté de dialogue et d’inclusion. Bref, le film atteste d’une impossibilité de la rencontre, du dialogue ; il filme une absence, un vide et, de ce point de vue, est empreint d’un caractère déceptif. On n’a rien vu à Davos. Les Maîtres du monde restent entre eux et demeurent inaccessibles au commun des mortels tels des dieux de l’Olympe. Quel contraste avec Porto Alegre où la parole circule entre des citoyens libres et égaux ; une parole démocratique, fraternelle, bouillonnante. Pour filer la symbolique, une parole qui aurait brisé la glace, dégelé les cœurs.