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Un homme sans l'occident (c) D.R; UN HOMME SANS L’OCCIDENT
de Raymond Depardon
Par Alexandre TYLSKI


SYNOPSIS : Raymond Depardon adapte le récit d’un officier méhariste du début du XX e siècle et raconte la vie de Halifa, un des derniers hommes libres du Sahara. Elevé par des chasseurs, il devient guide, puis guerrier, victime de "rezzous" aussi implacables et imprévisibles que l’Harmattan, ce vent dévastateur et aveuglant.

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LIBRE COMME LE VENT

Raymond Depardon adapte ici l’ouvrage d’un officier méhariste de l’armée colonialiste début XXème. (1) Après plusieurs versions du scénario, le cinéaste choisit de tourner le film avec deux caméras muettes en ne conservant que ses envies personnelles originelles.

  Un homme sans l'occident (c) D.R;

A la question : pourquoi faire ce film en noir et blanc ? Depardon répond : " Je suis un photographe qui a commencé à faire des photos en noir et blanc et qui continue. Je vois bien les pièges de mes expériences en couleur dans le désert : un sable saumon, rose, un ciel bleu, des chameaux, quelquefois des palmiers, des lumières trop flatteuses ou trop dures. Eclairer, attendre la belle lumière est un luxe qui ne m'intéressait pas pour ce tournage, il me semblait même déplacé par rapport à l'histoire. Pour la simplicité de la narration, le noir et blanc se prêtait mieux à l'aventure. Il m'a permis d'affronter la traversée du temps, la juxtaposition des lieux et la psychologie du personnage. Disons que c'est plutôt un film en blanc et noir, avec le peu de gris qui existe entre ces hommes en blanc et ce désert de sable. "

Depardon ne cherche pas la carte postale colorée, ne filme pas pour caresser dans le sens du poil, et ne monte pas non plus son film pour tout morceler en grains de sable. Il filme la lenteur (Serge Gainsbourg de retour d’Afrique ne se vantait-il pas d’avoir réussi à filmer la lenteur essentielle du continent noir?). C’est un autre monde, un autre rythme, ici. Les spectateurs occidentaux se devaient d’être bousculé dans leurs habitudes, d’où d’ailleurs peut-être les réactions parfois négatives face au film. Des réactions difficiles par rapport à un film que l’on dit " froid ", sentiment a priori curieux pour un film se déroulant dans le désert du Sahara… Mais aurait-on oublié la dureté froide du Sahara ?

Un homme sans l'occident (c) D.R;

En sortant de la projection de Un homme sans l’occident, une première impression peut en effet apparaître : Depardon n’a pas cherché à filmer le sable chaud - comme l’avait fait remarquablement Hiroshi Teshigahara (avec La femme des sables, 1964), mais peut-être surtout la force mystérieuse du vent Saharien. Un vent dur et si constant qu’il en devient visible et parlant - la post-synchronisation de ce vent Saharien redoublant sa force omnipotente. Si à l’époque de La femme des sables, les spectateurs sortaient du film avec l’impression d’avoir des grains de sable collés à leur peau, les spectateurs d’Un homme sans l’occident pourraient bien garder en eux et sur eux les caresses incessantes de ce vent que l’on croirait parfois venu du grand nord.