SYNOPSIS :
Raymond Depardon adapte le récit
d’un officier méhariste du début du XX e siècle
et raconte la vie de Halifa, un des derniers hommes libres du
Sahara. Elevé par des chasseurs, il devient guide, puis
guerrier, victime de "rezzous" aussi implacables et
imprévisibles que l’Harmattan, ce vent dévastateur
et aveuglant. |
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LIBRE COMME LE
VENT
Raymond Depardon adapte ici
l’ouvrage d’un officier méhariste de l’armée
colonialiste début XXème. (1) Après plusieurs
versions du scénario, le cinéaste choisit de
tourner le film avec deux caméras muettes en ne conservant
que ses envies personnelles originelles.
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A la question : pourquoi
faire ce film en noir et blanc ? Depardon répond :
" Je suis un photographe qui a commencé à
faire des photos en noir et blanc et qui continue. Je vois
bien les pièges de mes expériences en couleur
dans le désert : un sable saumon, rose, un ciel bleu,
des chameaux, quelquefois des palmiers, des lumières
trop flatteuses ou trop dures. Eclairer, attendre la belle
lumière est un luxe qui ne m'intéressait pas
pour ce tournage, il me semblait même déplacé
par rapport à l'histoire. Pour la simplicité
de la narration, le noir et blanc se prêtait mieux à
l'aventure. Il m'a permis d'affronter la traversée
du temps, la juxtaposition des lieux et la psychologie du
personnage. Disons que c'est plutôt un film en blanc
et noir, avec le peu de gris qui existe entre ces hommes en
blanc et ce désert de sable. "
Depardon ne cherche pas la carte postale colorée,
ne filme pas pour caresser dans le sens du poil, et ne monte
pas non plus son film pour tout morceler en grains de sable.
Il filme la lenteur (Serge Gainsbourg de retour d’Afrique
ne se vantait-il pas d’avoir réussi à filmer
la lenteur essentielle du continent noir?). C’est un autre
monde, un autre rythme, ici. Les spectateurs occidentaux se
devaient d’être bousculé dans leurs habitudes,
d’où d’ailleurs peut-être les réactions
parfois négatives face au film. Des réactions
difficiles par rapport à un film que l’on dit "
froid ", sentiment a priori curieux pour un film se déroulant
dans le désert du Sahara… Mais aurait-on oublié
la dureté froide du Sahara ?
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En sortant de la projection
de Un homme sans l’occident, une première impression
peut en effet apparaître : Depardon n’a pas cherché
à filmer le sable chaud - comme l’avait fait remarquablement
Hiroshi Teshigahara (avec La femme des sables, 1964),
mais peut-être surtout la force mystérieuse du
vent Saharien. Un vent dur et si constant qu’il en devient
visible et parlant - la post-synchronisation de ce vent Saharien
redoublant sa force omnipotente. Si à l’époque
de La femme des sables, les spectateurs sortaient du
film avec l’impression d’avoir des grains de sable collés
à leur peau, les spectateurs d’Un homme sans l’occident
pourraient bien garder en eux et sur eux les caresses incessantes
de ce vent que l’on croirait parfois venu du grand nord.
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