Chasseur d’images au Tchad depuis plus
de 30 ans, Raymond Depardon retourne dans le désert,
il y a traqué et collecté le vent, un vent vagabondant
au gré de la banquise saharienne. Car, en effet, le réalisateur
filme le Sahara comme une banquise dans laquelle on perce dans
l’espoir d’y trouver l’eau ou pour y enfouir des secrets. Mais
contrairement à l’esquimau Nanouk, le héros de
Depardon ne se construit aucun refuge, il EST le vent même
du désert toujours prêt à partir et à
tout laisser tomber : clans, famille, argent. Un homme sansl’occident est le récit d’un des derniers hommes
noirs libres avant la colonisation... foncièrement matérialiste.
Et, au fond, ce vent
traversant de part en part le film de Depardon, avec force
et vigueur, est peut-être aussi le mouvement intrinsèque
et vital du cinématographe. Et le mouvement musical
emprunté aux œuvres de Valentin Silvestrov de prolonger
encore ces flux et reflux libérés. Reste alors
un autre mouvement au film, inoubliable, libérateur,
celui de cette lune géante dans l’image, y apparaissant
tel un œuf, un crâne ou l’éclat grandissant d’une
explosion. Depardon scrute alors un autre mystère,
à l’état brut et à ne surtout pas verbaliser.
Un instant rare dans un film âpre mais pas difficile.
Diego Brosset, Sahara, un homme sans l'Occident,
Editions L’Harmattan 2003
Titre : Un homme sans l’occident Réalisateur :
Raymond Depardon Adapté de :
Sahara, Un homme sans l'occidentde Diégo
Brosset Scénario : Louis
Gardel, Raymond Depardon Acteurs : Ali Hamit,
Brahim Jiddi, Wodji Ouardougou, Hassan Yoskoï Musique d’après l’œuvre
de : Valentin Silvestrov Montage : Roger
Ikhlef Mixage et Montage son :
Dominique Vieillard Prise de son au Tchad :
Nicolas Favre Productrice : Claudine
Nougaret Production : Palmeraie
et Desert Distribution :
Les Films du Losange Date de sortie :
15 janvier 2003 Pays : France Année :
2002 Durée :
1 h 45