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Le Château dans le ciel (c) D.R. LAPUTA,
LE CHATEAU DANS LE CIEL

de Hayao Myazaki
Par Frank CARANETTI


SYNOPSIS : Maintenue prisonnière dans une forteresse volante, la jeune Sheeta échappe à ses ravisseurs grâce à une pierre mystérieuse qui lui permet de flotter dans les airs. Se liant d’amitié avec Pazu, un garçon de son âge issu de la cité des mineurs, celle-ci part à la recherche du secret de ses origines, et de la cité ancestrale de Laputa qui, affirme la légende, plane quelque part dans le ciel.

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POINT DE VUE

  Le Château dans le ciel (c) D.R.

Laputa, le Château dans le Ciel, écrit et réalisé par Hayao Miyazaki est le premier long-métrage sorti des studios indépendants Ghibli. Si cet ancien de la Toei Animation, à qui l’on doit quelques dessins animés diffusés en France, souvent avec succès (Heidi en 1974, Sherlock Holmes en 1982), est aujourd’hui distribué par Buena Vista c’est qu’après le succès international de Mon Voisin Totoro en 1988, et plus récemment encore de Princesse Mononoké (1997) et de Le Voyage de Chihiro (2001), les studios Disney, propriétaires de Buena Vista et en perte de vitesse depuis plusieurs années, souhaiteraient s’ouvrir à un public plus large, y compris au public adulte, avec des dessins animés dont la poésie, et un certain sens du réalisme, tranchent radicalement avec la production américaine contemporaine.

C’est donc près de vingt ans après sa réalisation que Laputa, le Château dans le Ciel arrive sur les écrans français. Œuvre préférée de Miyazaki lui-même, et dessin animé d’un lyrisme étonnant, Laputa raconte la recherche d’une cité légendaire -ici approximativement tirée de la satire de Swift-, ville suspendue dans les airs, et dont les trésors cachés attisent la convoitise sans limites des adultes.

Le Château dans le ciel (c) D.R.

Pour quiconque n’est pas encore familiarisé avec l’univers d’Hayao Miyazaki, la cité de Laputa illustre à merveille la réflexion que celui-ci avait auparavant engagé avec Nausicaä, son premier long métrage, sur les rapports complexes qu’entretiennent bien et mal. Cité réelle ou fantasmée, symbole, allégorie, celle-ci vient susciter l’envie des Hommes de manières radicalement opposées : Dora et ses pirates y cherchent l’or et les richesses accumulées d’une civilisation perdue, tandis que l’agent Muska, à la tête des militaires, est en quête d’une technologie guerrière qui lui permettrait de dominer le monde. Seule la jeune Sheeta, qui y voit le moyen de retrouver ses origines, sait apprécier, avec Pazu, la poésie et la simplicité du lieu devenu, après sa destruction partielle et le départ de ses habitants vers la terre ferme, un sanctuaire pour une faune et une flore hors du commun.

Le film s’accommode habilement des obstacles du récit édifiant - le thème de la poursuite des origines de l’héroïne, de la constitution d’une famille - sans jamais user des éreintants poncifs des studios Buena Vista dont Laputa se démarque définitivement, par sa durée, d’abord - le film de plus de deux heures avait été largement amputé dans sa version américaine -, la sophistication de ses paysages, la complexité des personnages ou ses multiples niveaux de lecture. On saisit dés Laputa les thèmes qui jalonneront la plupart des longs métrages d’Hayao Miyazaki, et si celui-ci y mêle déjà fable sociale et écologique, c’est qu’à la manière des grands auteurs de poèmes courts japonais, le dessinateur sait qu’on ne peut atteindre l’Homme qu’au travers de cette nature qu’aucun commentaire ne saurait tout à fait éclairer.