SYNOPSIS :
New York, les années soixante.
Rien ne va plus pour Frank William Abagnale. Jr depuis que sa
mère, Paula, a quitté son père, harcelé
par le fisc, pour les beaux yeux du président du Rotary
club. Au moment du divorce, l’adolescent, à peine âgé
de seize ans, préfère prendre la fuite plutôt
que de choisir entre ses parents. Sans un sous en poche, il
s’improvise faussaire et court le monde pendant près
de cinq ans. Il s’invente pilote de ligne à la Pan Am,
médecin ou avocat et en profite pour extorquer plus de
2,5 millions de dollars à travers les Etats-Unis et dans
vingt-six pays. Rien ne semble en mesure de l’arrêter
sauf … la pugnacité de l’austère Carl Hanratty,
un agent du FBI. S’installe alors un jeu du chat et de la souris
où Hanratty deviendra au fil du temps l’unique confident
d’Abagnale. |
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COURS, FRANK, COURS
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La cavale de Frank
Abagnale jr. aurait pu naître du cerveau d’un scénariste
hollywoodien. Oui, mais voilà, aussi incroyable que
cela puisse paraître, ses frasques n’ont rien de fictif.
Sans cette authenticité, Leonardo Dicaprio affirme
d’ailleurs qu’il n’aurait probablement pas accepté
le rôle d’Abagnale : " le public n’y
aurait jamais cru ". Son histoire abracadabrantesque
et non dénuée d’ironie (désormais, Abagnale
monnaye très cher ses talents auprès des banques
qu’il escroquait) avait donc tous les atouts pour séduire
l’Entertainer numéro un d’Hollywood. Ce destin incroyable
permet à Spielberg de nous offrir une bulle de champagne
salvatrice, drôle et émouvante, après
la noirceur de Minority Report. Un de ces plaisirs
de cinéma qu’il ne s’octroie qu’en de rares occasions,
échaudé sans doute par le bide du corrosif 1941.
Si Spielberg n’est pas familier de la mécanique du
genre, il en maîtrise pourtant ici parfaitement les
règles. Ainsi, sa mise en scène très
sixties (zooms rapides, contre-plongées et ralentis),
participe efficacement aux nombreux effets comiques. A l’image
de la vie trépidante d’Abagnale, le récit, rapide,
ne souffre d’aucun temps mort. Outre des répliques
savoureuses (les métaphores paternelles, tout un poème),
le film tire sa force comique grâce à des scènes
d’escroqueries, où souvent les victimes tendent le
bâton pour se faire battre, qui atteignent des sommets
de fantaisie. Un côté ludique renforcé
par le clinquant des Sixties.
Visiblement, Spielberg a pris un réel plaisir à
faire revivre cette décennie de tous les possibles,
celle de sa propre enfance. Tout y est : les Cadillac
rutilantes et les choucroutes capillaires estampillées
époque, le générique du début
très Saul Bass (l’ombre d’Hitchcock plane de temps
à autre), la musique réjouissante, aux accents
jazzy, de John Williams qui pour une fois n’a pas convoqué
la cavalerie, la lumière de Janusz Kaminski (selon
Spielberg : " c’est la lumière de Dieu ")
…Face à ses plaisirs orgiaques, l’œil est tout émoustillé,
les zygomatiques au travail et les oreilles sous le charme.
Bref, le film frise le " sans fautes ".
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Fascinés par
tant d’audace, on prend vite fait et cause pour ce garçon
débrouillard, séduisant sans malice et finalement
sympathique (le jeu " enfantin " de Leonardo
Dicaprio y est pour beaucoup). Mais Spielberg, habilement,
nous le dit d’entrée : les " bêtises ",
que Frank enchaînent presque malgré lui, le mèneront
à sa perte, dans une prison sordide du sud de la France.
" Je ne pense pas avoir tué le suspense "
explique Spielberg " Frank ne pouvait échapper
à son destin. Au montage, il m’a donc paru intéressant
de construire une grande partie du film sur un flash-back,
une technique que j’utilise peu, pour insister sur les relations
de Frank avec son père, pour la connotation émotionnelle ".
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