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Dark Water (c) D.R. FESTIVAL FANTASTIC’ ARTS
DE GERARDMER 2003

Grand Prix

DARK WATER

de Hideo Nakata
Par Annelise LANDUREAU


SYNOPSIS : Yoshimi Matsubara vient de divorcer. Elle élève seule, dans des conditions difficiles, sa petite fille, Ikuko. Pour améliorer son quotidien et celui de sa jeune enfant de six ans, elle décide d'emménager dans un appartement plus grand. Mais une fois sur place, les lieux se révèlent insalubres. Des bruits étranges retentissent à l'étage supérieur. Puis du plafond, commence à tomber de l'eau, qui, lentement, envahit le domicile. Chaque goutte devient alors une bombe destinée à faire voler en éclats la vie fragile de Yoshimi. Elle ne trouve pas de travail. Son mari souhaite récupérer la garde de sa fille. Le concierge n'entreprend pas de réparations dans l'immeuble…Peu à peu, l'horreur s'installe. Et, à mesure que l'existence de Yoshimi se dégrade, ses pires cauchemars s'incarnent !

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TROISIEME ROUND

  Dark Water (c) D.R.

Après les deux Ring qui l’ont rendu culte, Hideo Nakata revient en Occident avec une adaptation du même auteur, le célèbre Koji Suzuki, Dark Water.

Si Ring avait surpris et comblé par l’étrangeté de son sujet et l’originalité des mécanismes employés, Dark Water achève définitivement les sceptiques par sa profondeur et sa maturité, s’intéressant, après la fascination pour l’image filmée, à l’image mentale. Dans la plus pure tradition des chefs d’œuvre du fantastique, le film prend le temps et le talent d’installer ses personnages dans une réalité concrète et crédible, comme celle d’un contexte social et familial, ouvre les pistes des différents degrés de lecture possibles, et enfin, à la manière d’un artificier appliqué, fait tout voler en éclats, avec maestria.

Ainsi l’angoisse grignote-t-elle progressivement l’image, véhiculée par des taches au plafond, mais surtout des taches de sons qui maculent le masque du compréhensible, éclaboussant ainsi celui, terrifié, du spectateur.


La tache originelle

Dark Water (c) D.R.

Et en réalité, avant d’être une histoire de fantômes, c’est peut être simplement une histoire de taches. Celle qui gâche par exemple la réputation d’un parent, d’une mère, qui a oublié son enfant à l’école. Celle qui marque l’échec d’un couple qui divorce; l’encre des sentiments a bavé; et le mari qui dévoile à des étrangers les failles de son ex-épouse. Celle qui poursuit la femme active, obligée de travailler tête baissée, dans cette société japonaise qui bien qu’ayant évolué, continue de penser que le fait même d’être une femme constitue le première des erreurs. Celle du test de Rorschach, enfin, que l’on peut voir ici symbolisée au plafond.

Censée révéler des indications sur les sensations et l’inconscient de celui qui s‘y soumet, l’expérience de la tache par les personnages (et le spectateur du même coup) donnera en effet ici le signal de départ à l’horreur quand Yoshimi Matsubara va y projeter ses angoisses enfantines et son sentiment de culpabilité.

L’eau sale suintant du plafond va alors matérialiser sa peur d’être une mauvaise mère, comme le fut la sienne avant elle, une sorte de monstre pareil à l’imprévisible océan japonais.