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Petites Coupures (c) D.R. FESTIVAL DE BERLIN 2003

PETITES COUPURES

de Pascal Bonitzer
Par Gilles LYON-CAEN


SYNOPSIS : Entre sa femme Gaëlle, sa maîtresse Nathalie, et ses convictions mises à mal par le vent de l’histoire, Bruno, journaliste communiste, ne sait plus trop où il en est. Appelé par son oncle, maire d’une petite ville de la région de Grenoble en mal de réélection, il s’égare dans une " forêt obscure ", où la rencontre de Béatrice ne lui évitera pas de se perdre encore davantage…

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POINT DE VUE

  Petites Coupures (c) D.R.

Petites coupures n’est pas un film aimable. Bruno, le personnage principal, journaliste communiste interprété par Daniel Auteuil, non plus ; lui qui porte seul le malaise apparent du film qu’il incarne ici malgré lui. Censé représenter un mystère, une tendance progressive vers le vide intérieur, il frappe plutôt par un air accablant de déjà-vu, lui-même accablé et détenteur d’un drôle d’état qui contamine personnages, acteurs et situations. Quel est ce drôle d’état ? Et pourquoi l’affuble-t-on aussitôt d’un air pathétique ? Comme toujours chez Bonitzer, il s’agit toujours d’états en apparence passagers, en vérité profondément durables. Si les acteurs payent le tribut que leur confère le cinéaste, on est moins plongé dans une étude de caractères, que dans une déconstruction psychologique, parfois légère, du personnage qu’interprète Auteuil de film en film, dont le récent Adversaire de Nicole Garcia serait le point terminal : mélange de nonchalance bête et de vanité perdue qu’il porte en bandoulière comme une douleur incolore depuis bien longtemps.

Entre sa femme Gaëlle et sa jeune maîtresse Nathalie, Bruno erre. Dans le dossier de presse, Pascal Bonitzer dit s’être inspiré des premiers vers de la Divine comédie de Dante : " Au milieu du chemin de notre vie, je me trouvai dans une forêt obscure, car j’avais perdu la voie droite ". Le cinéaste s’est mis en accord avec le projet, allant jusqu’à mettre en scène la forêt obscure et l’ébranlement du " je " initial. Il a ensuite entrepris de prendre comme point de départ la scène de Rien sur Robert (1996) où le personnage se retrouve dans une maison hostile, en plein milieu de gens qu’il ne connaît pas. Mais le début de Petites coupures, en plus de souffrir de ce déjà-vu qui saute aux yeux, se place volontairement dans la continuité. De Rien sur Robert, le film conserve la même avancée par trouées dans le récit, même traverse au creux et son sein, même marche dans les hauteurs, Auteuil après Luchini main dans la main d’une étrangère (pour une traversée) dont il va subitement s’éprendre.