SYNOPSIS :
Entre sa femme Gaëlle, sa maîtresse
Nathalie, et ses convictions mises à mal par le vent
de l’histoire, Bruno, journaliste communiste, ne sait plus trop
où il en est. Appelé par son oncle, maire d’une
petite ville de la région de Grenoble en mal de réélection,
il s’égare dans une " forêt obscure ",
où la rencontre de Béatrice ne lui évitera
pas de se perdre encore davantage… |
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POINT DE VUE
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Petites coupures
n’est pas un film aimable. Bruno, le personnage principal,
journaliste communiste interprété par Daniel
Auteuil, non plus ; lui qui porte seul le malaise apparent
du film qu’il incarne ici malgré lui. Censé
représenter un mystère, une tendance progressive
vers le vide intérieur, il frappe plutôt par
un air accablant de déjà-vu, lui-même
accablé et détenteur d’un drôle d’état
qui contamine personnages, acteurs et situations. Quel est
ce drôle d’état ? Et pourquoi l’affuble-t-on
aussitôt d’un air pathétique ? Comme toujours
chez Bonitzer, il s’agit toujours d’états en apparence
passagers, en vérité profondément durables.
Si les acteurs payent le tribut que leur confère le
cinéaste, on est moins plongé dans une étude
de caractères, que dans une déconstruction psychologique,
parfois légère, du personnage qu’interprète
Auteuil de film en film, dont le récent Adversaire
de Nicole Garcia serait le point terminal : mélange
de nonchalance bête et de vanité perdue qu’il
porte en bandoulière comme une douleur incolore depuis
bien longtemps.
Entre sa femme Gaëlle et sa jeune maîtresse Nathalie,
Bruno erre. Dans le dossier de presse, Pascal Bonitzer dit
s’être inspiré des premiers vers de la Divine
comédie de Dante : " Au milieu du
chemin de notre vie, je me trouvai dans une forêt obscure,
car j’avais perdu la voie droite ". Le cinéaste
s’est mis en accord avec le projet, allant jusqu’à
mettre en scène la forêt obscure et l’ébranlement
du " je " initial. Il a ensuite entrepris
de prendre comme point de départ la scène de
Rien sur Robert (1996) où le personnage se retrouve
dans une maison hostile, en plein milieu de gens qu’il ne
connaît pas. Mais le début de Petites coupures,
en plus de souffrir de ce déjà-vu qui saute
aux yeux, se place volontairement dans la continuité.
De Rien sur Robert, le film conserve la même
avancée par trouées dans le récit, même
traverse au creux et son sein, même marche dans les
hauteurs, Auteuil après Luchini main dans la main d’une
étrangère (pour une traversée) dont il
va subitement s’éprendre.
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