Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     


 

 

 

 

 
Petites Coupures (c) D.R.

D’abord engoncé dans un style de l’entre-deux, pris dans une révérence forcée au mystère et à une douce étrangeté auquel d’abord il se donne pleinement, le cinéaste se met bientôt en scène à travers les mots des personnages, joue à faire cinéma tout en se recyclant, cadre de plus en plus les angles sombres d’une nuit mélancolique (traversée du bois, passage dans les ruines) en montrant le versant sombre d’un autre Rien sur Robert dans un Rien sur Bruno, et met en abyme son propre cinéma. Dans Encore, le professeur, incarné par Jackie Berroyer, dessinait déjà des trajectoires entre les personnages, passait d’une maison à l’autre, de mini-récits en mini-drames, son visage devenant le réceptacle comique de baffes, fausses joies et vrais coups. Petites coupures met en abyme sa propre maladie, en affublant là encore son personnage de saignées, coups, et autres petites coupures. Le film véhicule son propre titre, après s’être assumé autophage de sa propre filmographie. On y voit alors la profonde cohérence de l’univers Bonitzer, chassé-croisé de personnages détestables en mal d’affects. Et même s’il met constamment en scène ce qui va advenir forcément, sous nos yeux, ce cinéma-là trouble moins par sa sur-signifiance, son insistance sur les moments volés de la vie, que par son regard sur un monde du non-sentiment, de la vanité totale et du malheur bourgeois.

Cette indécision se trouve au cœur de la dialectique des personnages, eux-mêmes scindés par un espace de la parole malade, répétitive et incertaine. C’est ce qui touche finalement dans Petites coupures : après avoir instauré une logorrhée qui déchire la brume des plans et le mystère contenu dans les silences et traits de Kristin Scott Thomas, le film se joue de sa fausseté et de sa grandiloquence (on parle de mensonge, ici, et même de cinéma, comme si on y était), ce qui met à mal et à nu les fondements humides du cinéma de Bonitzer. Sens de la dérision qui perfuse le cœur dépressif du film, et qui rodait jusqu’ici dans les volutes musicales, petits bavardages drôles et hautains et comédies de situations. " Tout est ridicule " : oui, mais l’important était d’en rendre vraiment compte. Tardivement, la glace de Petites coupures se brise, assaini enfin, en dévoilant le simulacre simulé.



Acheter ce livre ou DVD sur le site : Fnac
Acheter ce livre ou DVD sur le site : PriceMinister
Acheter ce livre ou DVD sur le site : Amazon
Acheter ce livre ou DVD sur le site : Librairie Lis-Voir




Titre
 : Petites Coupures
Réalisateur : Pascal Bonitzer
Acteurs : Daniel Auteuil, Kristin Scott Thomas, Pascale Bussières, Ludivine Sagnier, Catherine Mouchet, Emmanuelle Devos, Hanns Zischler, Jean Yanne
Ecriture, réalisation : Pascal Bonitzer.
Collaboration : Emmanuel Salinger.
Scripte : Lydia Bigard. 
Casting : Antoinette Boulat.
Musique : John Scott.
Directeur de production : Pierre Wallon.
Directeur de la photographie : William Lubtchansky
Chef opérateur son : Frédéric Ullmann
Mixage : Anne Le Campion
Producteurs : Jean-Michel Rey et Philippe Liégois
Coproduit par : Douglas Cummins
Sortie le : 12 février 2003
Pays : France
Durée : 1 h 35