SYNOPSIS :
A Datong, en Chine, Xiao Ji et Bin
Bin, âgés de 19 ans, sont tous les deux au chômage.
Ne se voyant aucun avenir, ils passent leur temps à traîner
dans les rues. Xiao Ji est amoureux de Qiao Qiao, la chanteuse
vedette de la région, et vit à travers les fictions
américaines. Bin Bin, pour qui sa mère envisage
une carrière militaire, aime le karaoké et les
dessins animés. Dans cette Chine qui change, les deux
adolescents résistent difficilement aux appels du monde
occidental et à l'attrait de l'argent facile.
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UNE JEUNESSE CHINOISE
ARRETEE
Le troisième long-métrage
de Jia Zhang Ke dépeint les déambulations de
jeunes chinois et chinoises, à notre époque,
à travers les routines d’un pays que l’on dit "
en mue " mais en réalité comme emmuré
chaque jour davantage dans l’usine du monde où le seul
avenir ouvert à la nouvelle génération
semble celui de gestes et de regards mécaniques.
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Plaisirs inconnus
est né d’un projet de film documentaire sur Datong,
ville chinoise secouée par le licenciement massif d’ouvriers
des mines avoisinantes. Jia Zhang Ke voulait montrer la colère
de cette " Chine d’en bas " et les divers flottements
qui s’en suivirent. Finalement, le réalisateur conçut
ce documentaire en y apportant une structure fictionnelle
et en laissant libres improvisations à ses interprètes.
Plaisirs inconnus est donc une sorte de docu-fiction
filmée en DV, avec une équipe allégée,
retranchée, sur le qui-vive.
C'est dans un contexte politico-économique difficile
que le jeune cinéaste raconte une jeunesse chinoise
en proie à la routine de l’absurde et du glauque. L’apparente
inexpressivité de Xiao Ji et Bin Bin, tous deux au
chômage, évoque un monde de robots et de gestes
répétés à l’infini. La triste
mécanique du travail à la mine et à l’usine
toujours là, fantomatique. Ainsi, dans une boîte
de nuit, on gifle dix fois de suite Xiao Ji de la même
manière, sur la même joue, avec la même
phrase réitérée, sans coupure de montage
et dans une absence collective de réactions humaines.
De la même manière, on trouve dans un bus Qiao
Qiao la chanteuse, cherchant à fuir : elle se lève,
mais elle est repoussée par son " patron "
sur son siège, elle se relève, mais elle est
repoussée à nouveau, elle se relève et
est encore une fois repoussée, la scène durant
ainsi une bonne minute, sans dialogues, dans la mécanique
d'un corps tyrannisé et rabaissé. Et, ainsi,
les billets de banque comptés et recomptés par
deux jeunes ; et, ainsi, la moto ne cessant de caler et de
redémarrer dans un terrain vague - Xiao Ji n’arrivant
jamais à grimper un monticule, n’arrivant jamais aller
loin, tombant en panne, n’arrivant jamais à avancer,
n’arrivant jamais.
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