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Plaisirs Inconnus (c) D.R. FESTIVAL DE CANNES 2002
Compétition Officielle

PLAISIRS INCONNUS

de Jia Zhang Ke
Par Alexandre TYLSKI
du Laboratoire de Recherche
en Audiovisuel de l’Ecole Supérieure
d’Audio-Visuel de Toulouse


SYNOPSIS : A Datong, en Chine, Xiao Ji et Bin Bin, âgés de 19 ans, sont tous les deux au chômage. Ne se voyant aucun avenir, ils passent leur temps à traîner dans les rues. Xiao Ji est amoureux de Qiao Qiao, la chanteuse vedette de la région, et vit à travers les fictions américaines. Bin Bin, pour qui sa mère envisage une carrière militaire, aime le karaoké et les dessins animés. Dans cette Chine qui change, les deux adolescents résistent difficilement aux appels du monde occidental et à l'attrait de l'argent facile.

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UNE JEUNESSE CHINOISE ARRETEE

Le troisième long-métrage de Jia Zhang Ke dépeint les déambulations de jeunes chinois et chinoises, à notre époque, à travers les routines d’un pays que l’on dit " en mue " mais en réalité comme emmuré chaque jour davantage dans l’usine du monde où le seul avenir ouvert à la nouvelle génération semble celui de gestes et de regards mécaniques.

  Plaisirs Inconnus (c) D.R.

Plaisirs inconnus est né d’un projet de film documentaire sur Datong, ville chinoise secouée par le licenciement massif d’ouvriers des mines avoisinantes. Jia Zhang Ke voulait montrer la colère de cette " Chine d’en bas " et les divers flottements qui s’en suivirent. Finalement, le réalisateur conçut ce documentaire en y apportant une structure fictionnelle et en laissant libres improvisations à ses interprètes. Plaisirs inconnus est donc une sorte de docu-fiction filmée en DV, avec une équipe allégée, retranchée, sur le qui-vive.

C'est dans un contexte politico-économique difficile que le jeune cinéaste raconte une jeunesse chinoise en proie à la routine de l’absurde et du glauque. L’apparente inexpressivité de Xiao Ji et Bin Bin, tous deux au chômage, évoque un monde de robots et de gestes répétés à l’infini. La triste mécanique du travail à la mine et à l’usine toujours là, fantomatique. Ainsi, dans une boîte de nuit, on gifle dix fois de suite Xiao Ji de la même manière, sur la même joue, avec la même phrase réitérée, sans coupure de montage et dans une absence collective de réactions humaines.

De la même manière, on trouve dans un bus Qiao Qiao la chanteuse, cherchant à fuir : elle se lève, mais elle est repoussée par son " patron " sur son siège, elle se relève, mais elle est repoussée à nouveau, elle se relève et est encore une fois repoussée, la scène durant ainsi une bonne minute, sans dialogues, dans la mécanique d'un corps tyrannisé et rabaissé. Et, ainsi, les billets de banque comptés et recomptés par deux jeunes ; et, ainsi, la moto ne cessant de caler et de redémarrer dans un terrain vague - Xiao Ji n’arrivant jamais à grimper un monticule, n’arrivant jamais aller loin, tombant en panne, n’arrivant jamais à avancer, n’arrivant jamais.