Mis en parenthèse avec le monde,
le taxi ne sera pas épargné. Comme Ulises, partagé
entre l’idée de sauver les quelques valeurs qu’il croit
conserver en voulant rompre les liens avec les deux braqueurs,
et en ne pouvant renoncer à faire un ultime casse pour
finir de payer les traites de sa voiture. Le taxi se fait rattraper
par le monde. Ulises dénonce ses amis, qu’il tue en les
renversant en voiture, avant d’être félicité
par les caméras de Télévision comme un
héros. Tandis que sa femme et ses enfants le regardent
depuis un téléviseur volé, puis offert
par Chavelo et Coto.
Le spectateur a exploré en une heure et demie les marques
indélébiles d’un pays dont l’existence est reniée
selon les lois du monde imposées par la télévision.
Le Chili devient un
pays qui utilise l’argot des quartiers populaires de Santiago,
où le dénuement permanent et son insécurité
fermentent un appauvrissement moral, tandis que le monde publicitaire
devient l’absolu, inatteignable. La seule solution pour les
protagonistes est de se livrer, non pas à la police,
mais à la télévision. C’est au travers
d’une mise en scène télévisée
que la famille d’Ulises le reconnaît. Il arrive enfin
à obtenir un peu de reconnaissance sociale au détriment
de tout.
L’assassinat de ses amis le libérant de toute conscience.
Ulises, observateur subissant la réalité sans
oser la dénoncer, accède par son passage à
la télévision à un statut qu’il lui était
jusque-là refusé par le monde consumériste.
Il existe pour le monde auquel il aspire, renonçant
à sa propre identité.
Véritable dénonciation, cynique et pleine d’humour,
d’une perte d’identité infligée par la dictature,
Un taxi pour trois est une comédie noire
douloureuse. A l’image des protagonistes, la perte de conscience
est inévitable. Dans la mort, physique, ou mentale,
la perte de son identité est entendue. Avec un regard
lucide sur le présent, du Chili post-dictatorial, le
taxi d’Orlando Lübert emporte son passager au détour
d’un pays dépecé de tout son héritage,
à la recherche d’une place qu’il ne retrouvera pas.
Titre : Un taxi pour trois Réalisateur :
Orlando Lübert Scénario :
Orlando Lübert Image : Patricio
Riquelme Son : David Cuerpo Montage : Alberto
Ponce Effets Spéciaux :
Luis Alarcon Musique : Eduardo
Zvetelman Chansons Originales :
Joe Vasconcellos Producteurs exécutive :
Orlando Lübert, Adrian Solar Production : OL,
Producciones audiovisuales Distribution :
les films du Safran Festival : Concha
de Oro au Festival de San Sebastian 2001, Meilleur
Scénario au Festival de la Havane 2001
et Meilleur Film au Festival de Miami 2002 Date de sortie : 29
Janvier 2003 Pays : Chili 2001 Durée :
90 min