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Les Lois de l'attraction (c) D.R. LES LOIS DE L’ATTRACTION
de Roger Avary
Par Romain LE VERN


SYNOPSIS : Au Camden College, l’essentiel de la vie des étudiants ne se déroule pas pendant les cours. Dans cet univers de fêtes et de débauche en tout genre, Sam Bateman n’a pas usurpé sa réputation de tombeur. Une bonne partie des jeunes filles du campus peut en témoigner personnellement. Paul Denton, lui, adore se frotter à tous ceux qui sont beaux, hommes ou femmes, mais chaque fois que c’est important pour lui, la partie s’avère difficile. Lauren Hynde est sublime. Elle n’en abuse pas encore. Elle est trop occupée à chercher sa place dans ce monde libertaire où tout peut être tenté sans pour autant toujours apporter le bonheur… Ce trio aux histoires chaudement mêlées nous entraîne à la découverte d’un monde qui obéit tout entier aux lois de l’attraction…

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REQUIEM

  Les Lois de l'attraction (c) D.R.

Ne vous fiez jamais aux apparences. En allant voir Les lois de l’attraction, on est en droit d’avoir peur. La lecture du synopsis et la présence d’un casting qui sort tout droit d’un film pour ados laisse augurer un énième teenage movie sans âme avec, convention oblige, son lot de digressions potaches et de gags scatos pas nécessairement poilants. Tout faux : Les lois de l’attraction est précisément un film intelligent et malin qui, pendant près d’une heure, fait semblant d’accumuler tous les poncifs du teenage movie, et même ceux les plus détestables, pour dans un second temps, les retourner et en faire émaner la totale stupidité. Résultat : Les lois de l’attraction est un film très fort qui risque de sérieusement perturber ceux qui s’attendaient à une resucée de American Pie.

Tout d’abord, Les lois de l’attraction est l’adaptation d’un roman éponyme de Bret Easton Ellis, romancier sulfureux dont le style est virulent, corrosif, méchant, misanthrope… et malgré tout, très caustique. On a toujours été sceptique à la transposition au cinéma de ses romans tant il est impossible de retranscrire concrètement les perles d’insanités qui s’y trouvent. Impression confirmée il y a peu par American Psycho, tristement adaptée par Mary Harron qui, ne pouvant pas mettre en scène toute la violence du livre à l’écran, s’est contentée d’établir un faux règlement de compte aux vilains machos. Ce qui était à la fois ridicule et hors propos. Qu’on se rassure : Roger Avary a été sur ce coup nettement plus inspiré que la réalisatrice de I Shot Andy Warhol et ce, à tous points de vue.

Les Lois de l'attraction (c) D.R.

Coscénariste du Pulp Fiction de Tarantino et déjà auteur d’un premier long déjà sérieusement azimuté baptisé Killing Zoe, Avary dynamite les lieux communs et refuse de servir une fiction ridiculement pro-jeuniste. Les Lois de l’attraction n’est pas un film aimable, sympa, cool… Bien au contraire : il creuse en profondeur, met sens dessus dessous et surtout, fait montre d’un pessimisme qui met profondément mal à l’aise. Mais attention : Avary châtie le mélo pleurnichard et le pathos malvenu grâce à un humour cruel et grinçant qui tourne en dérision des situations douloureuses ou même des personnages, prisonniers de leurs apparences, enfermés dans des codes trop bien définis, à l’instar du gay qui écoute du George Michael ou de la blonde vulgaire qui met un peu trop de Q dans son I et passe son temps à se droguer frénétiquement.