POINT DE VUE
« Que a terra é do homen,
Não é de Deus nem do
Diabo »
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Second film de Glauber Rocha, Deus
e o Diabo na terra do sol est la libre adaptation de la
pièce « Le Diable et le bon Dieu » de Jean-Paul Sartre. Prenant
pied dans la région du Sertão, au nord du Brésil, Manuel et
Rosa, fermiers, vivent du peu de ressources que leur procure
cette terre sèche, pauvre, sans vie. Manuel n’a d’autres choix
que de vendre son cheval pour se nourrir, mais confronté à
la malhonnêteté du marchand, il le tue et prend la fuite avec
Rosa. Ils rejoignent tout d’abord São Sebastião, prêcheur
fanatique, puis Corisco, guerrier sanguinaire. La solution
des problèmes sociaux, représentées par ces deux personnages,
est confiée à Antonio das Mortes, tueur professionnel, qui
imagine qu’après leurs morts, le Sertão entrera dans une révolution.
Film emblématique du Cinéma Novo, Deus e o Diabo na terra
do sol est régulièrement cité dans les listes des 10 meilleurs
films de tous les temps. Et pour cause, la grammaire cinématographique
des pays du tiers-monde en sera révolutionnée. Il met en scène
l’éternel conflit dialectique entre violence et poésie, réalisme
et magie, corps et mythe, Dieu et le démon. Culturellement,
Glauber Rocha, originaire de Bahia, se place, comme tous les
artisans du cinéma Novo, à l’intérieur même des événements,
sans regard distant. C’est depuis ce cœur narratif qu’il arrive
à mélanger à la fois le néo-réalisme et les concepts d’Eisenstein.
Tour de force cinématographique, Pasolini confiera qu’il s’agit
de l’un des films les plus importants qu’il a vu.
Tout le cinéma de Glauber s’articule
autour d’une vision poétique qui le mènera, notamment dans
ce film ce film, à favoriser l’entrelacement des rythmes
; c’est dans ce cadre qu’aux deux tiers du film, une certaine
lenteur se fait ressentir est perceptible, le temps à Corisco,
Manuel et Rosa de discourir. Ces mélanges de vitesses s’articulent
en fonction du chemin, parfois de croix, parcouru par Manuel
et Rosa. C’est dans cet esprit, que la scène finale, en
hommage aux westerns de John Ford, met en scène un duel
entre le diable et Antonio das Mortes, qui deviendra un
préquel aux scènes d’action des films de Sergio Leone.