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Daredevil (c) D.R. DAREDEVIL
de Mark Steven Johnson
Par Jean-Michel WINGERTSMANN


SYNOPSIS : L’avocat Matt Murdock est aveugle, mais ses autres sens sont sur-développés. Avec ses fantastiques facultés et son sens radar il arpente la nuit le quartier de Hell’s Kitchen. Daredevil, l’homme sans peur est un implacable justicier.

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POINT DE VUE

  Daredevil (c) D.R.

« It’s Just Buisness », la réplique cinglante du Kingpin à Daredevil illustre à merveille la stratégie mercantile de  Marvel Comics & Productions, rachetée en 1986 par New World entertainment. Marvel Comics s’est muée en une entreprise commerciale mainstream où la notion d’auteur n’est pas toujours la préoccupation première. Ainsi, si les comics-book se multiplient et si les sorties augmentent, les dessinateurs et scénaristes eux changent au fil des mois, l’aspect artistique est devenu secondaire. La branche cinéma de Marvel, dont Stan Lee s’occupe, a de nombreux projets en chantiers, Hulk, Ghost Rider. La tentative la plus marquante a été Spiderman de Sam Raimi, film d’auteur à gros budget qui est une réussite.

Daredevil a de quoi ravir les fans, ponctué de nombreux clins d’œils avec les apparitions en guest-star de Frank Miller, Stan Lee, Kevin Smith. Les dessinateurs Romita, Quesada, Miller, qui ont fait les beaux jours du comics, sont quant à eux cités. Le film comporte de magnifiques scènes, notamment la rencontre entre Matt Murdock et Elektra, mais aussi un passage émouvant où Murdock grâce, à la pluie, distingue pour la première fois le visage de sa bien aimée. En outre la scène finale du combat entre Daredevil et le Kingpin est splendide et menée de main de maître. Les prestations de Ben Affleck et Jennifer Garner sont réussis tandis que d’excellents seconds rôles rythment le long métrage. On notera la prestation de Joe Pantoliano (Ralph Cifaretto dans Les Sopranos) interprétant le journaliste Ben Urich.

Daredevil (c) D.R.

Daredevil, personnage complexe, noir, aurait pu être la rencontre entre un bon film et un personnage marquant : malheureusement, ce blockbuster, s’il est un divertissement de bonne facture n’est qu’une banale œuvre commerciale creuse. L’énorme défaut du film repose sur le fait que Mark Steven Johnson va trop vite. En 1h42 (montre en main), il nous raconte l’acquisition des pouvoirs de Daredevil, la mort de son père, sa rencontre avec Elektra, sa lutte contre Bullseye et le Kingpin. S’il réussit ce tour de force scénaristique, l’œuvre dans son entier s’en trouve déséquilibrée, les rencontres, les combats se succèdent sans engendrer la moindre émotion ni profondeur. Le scénario, inexistant, qui tente en vain de raconter plus de 40 ans d’aventures de l’homme sans peur est tout de même subordonné à une mise en scène acceptable. Toutefois, les personnages principaux qui dans Daredevil sont complexes ne sont réduits ici qu’à une galerie d’archétypes qui participent au « spectacle ». Avec ce film qui est un raccourci simpliste du comics, Daredevil est un héros sans relief. Le spectateur n’est pas affecté par les mésaventures de DD et n’a alors pas peur de ce qui peut arriver.