Mark Steven Johnson appuie tout
ce qu’il veut démontrer, pour nous faire pénétrer dans l’intimité
de la relation de Matt Murdock et d’Elektra. Il nous montre
une sculpture érotique avant d’enchaîner par les ébats des
deux amants. Et comble de l’ironie, il finit la scène d’amour
par un plan, pastiché dans Top Secret, où il filme
la cheminée symbole de romantisme. En voulant tout dire,
il ne montre rien. Ainsi, Matt Murdock jeune décide avec
son père de ne jamais renoncer, cette réplique devient le
nœud de l’intrigue, sans que nous soit offerte la moindre
précision. Alors que le réalisateur reprend des éléments
de la série écrite par Kevin Smith en y intégrant les interrogations
morales et religieuses de l’avocat catholique, ceux-ci sont
traités superficiellement. Si Matt Murdock se confesse,
expose ses doutes, ses craintes et affronte Bullseye dans
une Eglise, ce lieu de culte n’est rien d’autre que le théâtre
de l’affrontement, rien de plus. Quand Matt Murdock échoue
à prouver la culpabilité d’un homme, il se fait justice
sous les traits de Daredevil. Ce passage évoque le cinéma
droitier de Joel Schumacher mais traduit surtout la maladresse
de Mark Steven Johnson. En soulignant le dilemme moral de
Matt Murdock écartelé entre son aspiration pour la justice
et son utilisation de la violence afin de faire régner l’ordre,
il réduit Daredevil à n’être qu’une pâle copie du Charles
Bronson des dimanches soir sur TF1.
Si Ie réalisateur «considère l’apport de Miller comme
déterminant dans la conception du film », on ne
retrouve rien d’une des plus glorieuses époques de Daredevil,
ni le réalisme ni la tonalité dramatique du comics. Le New
York de Steven Johnson même s’il accumule l’apparition de
rats en image de synthèse, ne parvient jamais à retranscrire
l’esthétique du Hell’s Kitchen de Miller ou la noirceur
de celui d’Alex Maleev, il semble toujours trop propre.
Daredevil aurait mérité une heure en plus, pour pouvoir
développer la psychologie des personnages, les liens, les
émotions et le doter d’un peu d’humanité.
Titre : DareDevil Réalisateur : Mark
Steven Johnson Scénario : Mark Steven
Johnson Photographie : Ericson
Core Monteur : Dennins
Virkler, Armen Minasian Costumes : James Acheson
Musique : Graeme Revell Acteurs : Ben Affleck,
Collin Farrell, Michael Clarke Duncan, Jennifer
Garner, Jon Favreau, Ellen Pompeo Production : New regency Producteurs : Arnon
Milchan, Gary Foster, Avi Arad Producteurs exécutif
: Stan Lee, Bernie Williams Distributeur : UFD Sortie France : 19
mars 2003 Année : 2003 Durée : 1h45 Pays : USA