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Mimi (c) D.R. FESTIVAL DE BERLIN 2003

FESTIVAL GAY ET LESBIEN DE STRASBOURG 2003

MIMI

de Claire Simon
Par Nicolas JOURNET


SYNOPSIS : Claire Simon pointe l'objectif de sa caméra sur Mimi Chiola, l'une de ses amies. Anecdotes, souvenirs, lieux marquants, la cinéaste française retrace le parcours de cette niçoise d'origine, de cette femme qui aime les femmes.

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PORTRAIT ARIDE

  Mimi (c) D.R.

Le portrait est une discipline artistique et journalistique à part entière. En peinture, qu'il soit auto ou allo, il constitue un genre majeur. Qu'est-ce que La Joconde de Leonard de Vinci, sans conteste le tableau le plus célèbre du monde, si ce n'est que le portrait d'une femme ? Dans les médias, il connaît également un certain succès. A la télévision, les documentaires à dimension historique ou sociologique adoptent de plus en plus le style du portrait. Dans la presse écrite, il est devenu une rubrique importante. Le portrait qui occupe chaque jour la dernière page du quotidien "Libération" est l'une des chroniques majeures de la presse française. Son attrait auprès des lecteurs est tel que l'année dernière "Le Monde" a décidé d'en insérer un dans sa nouvelle formule.

Au cinéma, le recours au portrait est moins usité. Peu de cinéastes se risquent à évoquer pendant un minimum d'une heure et demie la vie d'un seul et unique protagoniste. Pour son film La traversée, sorti en salles en 2001 et sélectionné pour la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes de la même année, Sébastien Lifshitz avait suivi le voyage de son amant parti rechercher chez l'Oncle Sam un père qu'il n'avait jamais connu. Le dispositif adopté à l'époque par le jeune réalisateur est assez proche de celui adopté par Claire Simon dans Mimi. Dans les deux cas, l'utilisation d'une caméra DV permet de coller au plus près l'intimité des personnes filmées. Dans les deux cas, le côté affectif du regard est primordial.

Presque rien de Stéphane Lifshitz (c) D.R.

Sébastien Lifshitz filme son compagnon, Claire Simon filme l'une de ses amies. Leurs longs-métrages respectifs intègrent dans leur construction cet angle sentimental. Dans Mimi, Claire Simon multiplie les gros plans sur les mains ou le visage de son héroïne. Cherchant à souligner de l'objectif la beauté de la niçoise quinquagénaire dont elle a décidé de raconter la vie. De manière similaire, dans La traversée, le choix du cadre suffit à montrer l'amour qui lie le réalisateur à son personnage principal. Par une particularité spatiale indéfinissable, une manière de filmer l'Autre inexplicable, les images de l'amant de Sébastien Lifshitz suggèrent le rapport plus qu'amical qu'ils entretiennent hors caméra.

Ces deux films se ressemblent donc, ils tentent tous deux de réaliser une sorte de portrait sur pellicule, mais leur approche narrative est rigoureusement différente. Dans La traversée, Stéphane Lifschitz s'appuie sur un événement précis, limité en durée et qui, même s'il dévoile beaucoup de la structure psychologique de l'individu observé, n'en offre pas moins une vue parcellaire de sa personnalité profonde. Ce que l'amant de Sébastien Lifshitz montre de lui, de son caractère (une peur viscérale des chiens, une timidité exacerbée...) pendant cette courte période, en tout point exceptionnelle pour lui, ne donne forcément qu'une image tronquée de ce qu'il est en réalité. Et c'est bien là le propos du film de Sébastien Lifshitz, suivre les réactions d'une personne face au choc de retrouvailles familiales.