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Pinochio (c) D.R. PINOCCHIO
de Roberto Benigni
Par Alexandre TYLSKI
du Laboratoire de Recherches
en Audiovisuel de l’Ecole Supérieure
d’Audio-visuel de Toulouse


SYNOPSIS : Un pantin de bois nommé Pinocchio, créé par Gepetto, un vieux menuisier toscan, s'anime par la magie de la Fée Bleue. Devenu un vrai petit garçon, il fait l'apprentissage de la vie. Au lieu d'aller à l'école, Pinocchio se rend au théâtre de marionnettes de Mangiafuoco. Sans le savoir, il s'apprête à vivre de grandes aventures, à découvrir de merveilleux endroits comme le Pays des Jouets, et à rencontrer de drôles de personnages comme Lucignolo, un adolescent déluré, ou encore un chat et un renard, deux fripouilles qui vont lui donner du fil à retordre...

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ETRE OU NE PAS ETRE … ENTHOUSIASTE

Alors qu’en Italie, Pinocchiode Benigni est un triomphe commercial, l’acteur réalisateur italien essuie en France et aux USA de violentes critiques (non loin parfois de l'attaque personnelle) - unanimement contre sa vision dite « traître » (selon certains) du mondialement célèbre livre de Carlo Collodi. Ratage ? 

  Pinochio (c) D.R.

Pinocchio n’est plus un petit garçon, mais un clown quinquagénaire du nom de Roberto Benigni, il suffisait d’y penser. C’est Fellini qui d’ailleurs y pensa le premier souhaitant réaliser Pinocchio avec Benigni dans le rôle-titre (Fellini surnommait affectueusement Begnini « Pinocchieto ») mais mourut avant de pouvoir réaliser son vieux rêve. Begnini rend ici clairement hommage à son maître - pour qui il avait tourné La voix de la Luneen 1989. Curieusement, cela rappellera à certain(e)s l’hommage de Spielberg rendu à Kubrick qui réalisa récemment, lui aussi, le rêve de son maître disparu Stanley Kubrick à travers le décrié (là aussi) A.I. (2001).

Passation de pouvoir, l’élève remplace le mentor. Un rapport filial au cœur même de Pinocchio et de A.I. (par ailleurs adaptation futuriste de Pinocchio). Mais que ce soit Spielberg ou Benigni, l’hommage au maître n’en est pas moins l'affirmation d’un style singulier et de l'indépendance du fils. En réalisant Pinocchio, Benigni n’a pas eu la prétention et la faiblesse de donner dans l’étrangeté morbide ni dans la folie mélancolique et ambiguë (comme on aurait pu s’y attendre avec Fellini). A contrario, Benigni revendique haut et (très) fort sa nature bouffonne et survoltée, ne cache pas sa joie de vivre électrique et ne trahit pas son enthousiasme légendaire. Pinocchio de Roberto Benigni, c’est du Benigni.

Pinochio (c) D.R.

Certes, nous pourrons toujours préférer Les Aventures de Pinocchio (1971-1972) de Luigi Comencini pour sa noirceur et son intimisme poétique, mais on ne peut reprocher à Benigni sa sincérité et son énergie. Là où Comencini filme au-delà de l’enfance et de la candeur joyeuse (car il filme la boue, la pauvreté, la saleté, la détresse et l’abandon), Benigni, lui, chante surtout la vie, la Toscane (très beaux plans de paysage) et remue ciel et terre en galopant comme un fou sorti de sa boîte (avec un corps aussi libéré qu’au temps du muet). Benigni n’a donc heureusement pas cherché à copier, à refaire, à redire, mais a sorti tout ce qu’il pouvait donner de lui dans le déchaînement, précisément.