Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     


 

 

 

 

 
Adaptation (c) D.R. ADAPTATION
de Spike Jonze
Par Florence POMMERY


SYNOPSIS : Charlie Kaufman, scénariste, est confronté à la difficulté d’adapter le livre de Susan Orlean, Le Voleur d’Orchidées. Son frère Donald, décide de se lancer lui aussi dans l’écriture d’un scénario en utilisant les formules toutes faites prisées par les spécialistes de la structure scénaristique. Donald livre une histoire de tueur en série possédant de multiples personnalités et décroche un contrat en or tandis que Charlie fait face avec angoisse à la panne d’inspiration en tentant de comprendre la démarche de la journaliste qui a écrit le livre…

....................................................................

COMMENY DISSEQUER LE PROCESSUS CREATIF SELON CHARLIE KAUFMAN

  Adaptation (c) D.R.

Après une introspection en règle dans la tête de John Malkovich, Spike Jonze se penche sur les affres de la création en mettant en scène son propre scénariste Charlie Kaufman aux prises avec l’adaptation impossible d’un roman sur les orchidées.

Une savante mise en abîme orchestrée par Nicolas Cage et qui se distingue des traditionnelles et (trop) classiques satires « à paillettes » sur le cinéma hollywoodien.

Spike Jonze revisite donc le genre (de la satire hollywoodienne) et le résultat s’avère plus convaincant que le récent Full Frontal de Soderbergh puisqu’ici c’est l’aspect créatif qui est au cœur de l’intrigue du film.

La création et ses doutes, ses angoisses, ses souffrances. En cela, l’approche de Kaufman est innovante car elle repose sur une approche comique du personnage du scénariste. Kaufman n’hésite pas à se moquer de lui-même, dressant un autoportrait peu flatteur : gros, vieux, peu séduisant, névrosé, ce qui annihile le côté narcissique du film.

Adaptation (c) D.R.

Il en profite, au passage, pour égratigner les mauvais scénaristes, les agents, les séminaires de Robert McKee et les élitistes New Yorkais, et place ainsi son film dans le ton de l’autodérision se situant dans la droite lignée d’un cinéma à la Woody Allen.

Kaufman offre une singulière mise en abîme qui trouve son acmé dans la scène où Charlie dicte sur son magnétophone ce qu’il est en train de faire. Une réflexion à l’infini, un jeu de miroirs qui ne cesse d’entremêler avec brio la réalité de ce que vit Charlie avec l’écriture du livre Le voleur d’Orchidées (qui est retranscrit sous formes de flash-back). Le tout en superposant en même temps les coulisses de Dans la peau de John Malkovich et celles d’Adaptation.

De quoi s’emmêler les pinceaux ! Pourtant l’attention ne faiblit pas et les ressorts dramatiques sont efficaces, le spectateur ayant l’impression de vivre le douloureux accouchement du scénario en même temps que son auteur. Une vraie dissection du processus créatif.