Film passionnant, Bon voyage
recèle en lui un second film, plus intime, plus secret, qui
nous bouleverse. Au détour d’une séquence, dans la maison
où sont réfugiés Frédéric et Raoul, échappés de prison, des
enfants commentent les agitations des adultes (Viviane, épuisée,
un verre d’eau à la main, venue retrouver Frédéric). Ce bref
basculement inattendu donne une clé du film. En réalisant
ce film, écrit avec Modiano le mélancolique, Jean-Paul Rappeneau
évoque les temps de son enfance (il avait huit ans en 1940)
et de son adolescence (rêves de femmes, rêves de films). Le
cinéaste inscrit par exemple dans la forme de son film son
amour pour les comédies de l’âge d’or du cinéma américain,
à commencer par la vivacité, la fraîcheur, la naïveté et le
jeu de ses comédiens, tel Grégori Dérangère, réinventé en
James Stewart mâtiné de Gary Cooper, jeune acteur rendu enfin
« visible » aux yeux des médias et du grand public
alors que son talent ne s’est pas démenti au fil des films
qu’il interprète depuis dix ans.
Les enfants qui commentent l’action, c’est peut-être Rappeneau,
c’est peut-être nous aussi, qui retrouvons à la vision de
Bon voyage, les sensations du spectateur minot, rêvant
devant un film d’aventure, s’identifiant au héros espiègle
et courageux. Rappeneau nous refait enfant de cinéma, et ce
n’est pas peu dire.
Titre :
Bon voyage Réalisateur :
Jean-Paul Rappeneau Acteurs :
Isabelle Adjani, Gérard Depardieu, Virginie Ledoyen,
Gregori Dérangère, Yvan Attal, Peter Coyote, Aurore
Clément, Edith Scob, Michel Vuillermoz… Scénario :
Jean-Paul Rappeneau, Patrick Modiano. Adaptation :
Jérôme Tonnerre, Gilles Marchand, Julien Rappeneau. Chef Costumier :
Catherine Leterrier Compositeur :
Gabriel Yared Chef Monteur :
Maryline Monthieux Chef Décorateur :
Jacques Rouxel Directeur de la photographie :
Thierry Arbogast Ingénieur du son :
Pierre Gamet Producteurs :
Michèle et Laurent Pétin Exportation / Distribution
internationale :
ARP Sélection Production :
ARP Sélection Sortie le
: 16 avril 2003 Durée :
1h56