SYNOPSIS :
Manchester, 4 juin 1976. Tony Wilson, diplômé de l’université
de Cambridge et présentateur à Granada TV, accompagné de sa
femme Lindsay, assistent à un concert des Sex Pistols. Le groupe
The Stiff Kittens (qui deviendra plus tard Joy Division) est
également présent au concert. Leur rencontre engendrera un label,
Factory Records ; un club mythique, The Hacienda et une révolution
musicale…
On n’arrête plus Michael Winterbottom,
cinéaste prolifique, qui a beau n’avoir aucun plan de carrière,
aime beaucoup fureter dans différents registres, allant
par exemple de la tragédie sombre (l’excellent Jude
qui demeure à ce jour sa plus belle oeuvre) au film sur
la guerre (Welcome to Sarajevo), en passant par la
comédie frivole (With or without you). Cette fois-ci,
il s’attaque au film musical en retraçant le parcours atypique
de Tony Wilson, le grand responsable de Factory Records
(label spécialisé dans le punk et la new wave) et l’Hacienda
(club crée en 1982 qui connut l’âge d’or du milieu à la
fin des années 80). 24 Hour Party People est en quelque
sorte un journal intime qui le suit dans ses moindres déplacements,
qu’il aille assister à un concert, qu’il se plante en aéroplane,
qu’il interviewe des gens insignifiants, qu’il suive un
groupe en tournée ou qu’il aille dans un camion s’amuser
avec des prostituées…
Tourné en DV, le film surprend par son style formel qui
émane d’un saisissant mélange d’images d’archives et d’effets
clinquants, qui reflète la tonalité d’une époque dans laquelle
il régnait, certes, un joyeux bordel mais où la musique
rimait déjà avec préoccupations pécuniaires. Comme pour
se donner un repère, et surtout afin d’éviter les digressions
trop hasardeuses, le film nous propose de suivre en parallèle
le groupe Joy Division (Love will tear us apart)
avec lequel Tony Wilson vivra de grands moments de gloire
(c’est avec eux qu’il a d’ailleurs fondé l’Hacienda).
Un groupe qui, après la mort de son talentueux chanteur
Ian Curtis, renaîtra sous le nom New Order, une exception
à la règle puisque selon notre protagoniste, les groupes
n’ont plus de vie sans leur chanteur originel. Jalonné d’anecdotes
inattendues (le nom du groupe Joy Division fut choisi en
référence aux bordels destinés aux officiers allemands dans
les camps de concentration, une provocation de très mauvais
goût qui explique les mouvements fachos lors des représentations
du groupe…), le film nous raconte le destin singulier de
ce groupe qui a multiplié les outrances (et les bons tubes)
dans l’unique but de faire parler d’eux. Le portrait de
Tony Wilson est également l’occasion pour le cinéaste de
passer en revue toute une période musicale et de ressortir
tout plein de bons vieux morceaux (une bande-son à tomber),
aptes à plaire à tous les petits clous.