SYNOPSIS :
C'est une histoire d'amitié. Une histoire de quartier. Une histoire
de milieu. Une histoire de culture. Une histoire “d'hommes”
aussi, où les femmes ne sont jamais loin...devant. C'est l'histoire
de Jacques, Francis et Didier, dont les rêves s'entremêlent
mais dont les destins divergent. C'est l'histoire d'une "petite
semaine" qui passe par le restaurant-bar
"Chez Roger" et qui raconte les trajectoires d'une
multitude de personnages du Saint Ouen d'aujourd'hui.
Ami du duo Bacri/Jaoui, comédien que
l'on ne présente plus (Monsieur Batignole, Le Goût
des autres, Cuisines et dépendances, inoubliable
Emile Gravier dans La Cité de la peur ou mulet de Navarro),
Sam Karmann réalise un court-métrage en 1992 (Omnibus),
puis transforme l'essai en 1999 avec Kennedy et moi,
son premier long-métrage, dans lequel Jean-Pierre Bacri et son
psychanalyste (Sam Karmann) se débattent avec la crise de la
quarantaine. Loin de s'enfermer dans
la peinture d'un univers bourgeois, il signe aujourd'hui le
portrait d'une bande de petites frappes de Saint Ouen et s'affranchit
de toute étiquette en s'essayant au film de genre...
Le décor : un bistrot comme on en a tous
au coin de la rue, couleur locale avec ses sièges en sky et
ses piliers de bar si pittoresques, son tenancier un peu bougon
mais brave et sa femme qui parle peu mais n'en pense pas moins.
Francis (Jacques Gamblin), Didier (Clovis Cornillac) et leurs
vieilles connaissances échangent leurs impressions sur la "ratière",
c'est-à-dire la prison, dans un langage fleuri et imagé qui
les présente d'emblée comme de lointains descendants des Tontons
Flingueurs.
La musique du générique, claudiquante et nostalgique, évoquait
déjà les Brigades du tigre et cette époque désormais
révolue des voyous sachant manier le verbe aussi bien que la
magouille.
C'est qu’A la petite semaine enappelle au souvenir,
à la nostalgie, à la dédicace.
Il y a quelques années, Sam Karmann rencontre Désir Carré ("la
Trompette" dans le film), ancien voyou devenu auteur, qui
lui raconte son parcours et sa vie, de coups en coups, de cellule
en cellule, jusqu'au théâtre. A deux, ils décident de mettre
tous ces morceaux de vie dans un film, comme pour dire un dernier
adieu au milieu, en forme d'hommage lucide.
Pourtant, ce n'est pas ce coup de coude
amical que l'on en retiendra, mais l'immense clin d'oeil du
vrai "héros" sur le mythe : celui du cinéma. En
effet, de la vamp rencontrée dans la boîte échangiste - Laurence
(Florence Pernel), qui semble tout droit sortie d'un film
noir des années 50 -, jusqu'à une citation directe de l’un
des plus célèbres dialogues de Mean Streets (quand
Ray traite Tony de "rigolo" pendant le cours de
théâtre de Francis), en passant par l'acheteur de bagues volées,
presque le sosie d'un personnage des Soprano, tout
fait appel au mythe du gangster tel que le Septième Art l'a
construit.
Néanmoins, si le film est jalonné des motifs récurrents du
genre et, pour commencer, ses trois figures imposées : le
romantique pas à sa place (Francis), le nerveux qui en veut
toujours plus, Tony Montana (Didier) et l'ancien qui s'est
repenti (Jacques, allias Gérard Lanvin) - ce n'est que pour
mieux les retourner.