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Monsieur Schmidt (c) D.R. FESTIVAL DE CANNES 2002
Sélection Officielle

MONSIEUR SCHMIDT

d’Alexander Payne
Par Magali HAMARD


SYNOPSIS : Agé de 66 ans, Warren Schmidt prend sa retraite et perd par la même occasion tous ses repères. Le brusque décès de son épouse quelques semaines plus tard ne fait qu'empirer les choses. Il se décide alors à entretenir une correspondance épistolaire avec Ndugu, un petit Tanzanien qu'il parraine pour vingt-deux dollars par mois et qui lui sert de confident.

Un jour, Warren prend la route vers le Nebraska où Jeannie, son unique fille, est sur le point de se marier. Entre un futur gendre qu'il n'apprécie guère et une vie sur laquelle il jette un regard de plus en plus amer, le vieil homme tente de savoir où il en est. La route promet d'être longue, pleine de rencontres imprévues et de souvenirs...

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AMERICAN, NO WAY, OF LIFE

 

  Monsieur Schmidt (c) D.R.

Fraîchement retraité, Warren Schmidt a le blues. Le jeune loup toutes dents blanches dehors, qui l’a remplacé à son poste de statisticien dans une compagnie d’assurance, se fiche bien de ses conseils. Sa femme Hélène, gentille idiote, l’insupporte et sa fille, installée à Denver, est le plus souvent aux abonnés absents. Monsieur Schmidt est à l’heure des bilans et pour tout dire ce n’est pas brillant : petite vie, petit destin, lui qui se voyait bien recevoir le Prix Nobel. Mais Hélène meurt subitement… Si Warren se laisse un temps aller au « désespoir », il prend bientôt la route en pleine nuit au volant de son camping-car, direction Denver, histoire de convaincre sa fille de ne pas épouser son crétin de fiancé. Témoin de ses tribulations, Ndugu, un petit tanzanien orphelin de six ans dont Warren est devenu le parrain. Sur les routes du Midwest, Monsieur Schmidt arrivera-t-il enfin à trouver un sens à sa vie ?

Avec l’Arriviste, où Reese Witherspoon se cassait les dents à trop jouer des coudes dans une élection étudiante, Alexander Payne s’amusait déjà à égratigner l’American Way of Life. Ce troisième opus, entre comédie satirique et road-movie existentiel, est de la même veine. Son personnage principal, en revanche, n’a rien d’un ambitieux : Monsieur Schmidt (ou Smith ?) pourrait être le Dupont de l’Amérique profonde, feignant d’être heureux avec ses deux voitures dans le garage et un compte en banque correctement rempli. Un petit-bourgeois, « travailleur », à la vie terne comme on en rencontre beaucoup, notamment dans l’Omaha, terre d’origine du réalisateur.

Monsieur Schmidt (c) D.R.

Autoproclamé « satiriste du Midwest », Payne pratique avec efficacité l’humour noir et les ruptures de tons. Ainsi le film oscille sans cesse, parfois dans une même scène, entre émotion et comédie acerbe. Exemple parmi d’autres : Warren doit choisir un cercueil pour sa femme, il écoute, le regard vide, les conseils du vendeur, et l’interromps : « c’est combien, si c’est moi qui la transporte ? ». Une mesquinerie parmi d’autres, symptomatique d’un personnage égoïste, facilement détestable.

Seulement voilà, c’est Jack Nicholson qui s’y colle. Sa composition de ce petit vieux aigri, avec demi-lunes au bout du nez, conduisant son camping-car les deux mains en haut du volant restera dans les annales. Justement récompensé aux derniers Golden Globes (c’est de bon augure pour les Oscars), ce cabot de première classe a pour une fois mis la pédale douce et nous épargne son show habituel : il parvient avec un minimum d’effet à montrer toutes les contradictions de son personnage, engoncé dans les conventions, un brin pathétique et finalement attachant.