SYNOPSIS :
Agé de 66 ans, Warren Schmidt prend sa retraite et perd par
la même occasion tous ses repères. Le brusque décès de son épouse
quelques semaines plus tard ne fait qu'empirer les choses. Il
se décide alors à entretenir une correspondance épistolaire
avec Ndugu, un petit Tanzanien qu'il parraine pour vingt-deux
dollars par mois et qui lui sert de confident.
Un jour, Warren prend la route vers le Nebraska où Jeannie,
son unique fille, est sur le point de se marier. Entre un futur
gendre qu'il n'apprécie guère et une vie sur laquelle il jette
un regard de plus en plus amer, le vieil homme tente de savoir
où il en est. La route promet d'être longue, pleine de rencontres
imprévues et de souvenirs... |
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AMERICAN, NO WAY, OF LIFE
Fraîchement retraité, Warren Schmidt a le
blues. Le jeune loup toutes dents blanches dehors, qui l’a
remplacé à son poste de statisticien dans une compagnie d’assurance,
se fiche bien de ses conseils. Sa femme Hélène, gentille idiote,
l’insupporte et sa fille, installée à Denver, est le plus
souvent aux abonnés absents. Monsieur Schmidt est à l’heure
des bilans et pour tout dire ce n’est pas brillant :
petite vie, petit destin, lui qui se voyait bien recevoir
le Prix Nobel. Mais Hélène meurt subitement… Si Warren se
laisse un temps aller au « désespoir », il prend
bientôt la route en pleine nuit au volant de son camping-car,
direction Denver, histoire de convaincre sa fille de ne pas
épouser son crétin de fiancé. Témoin de ses tribulations,
Ndugu, un petit tanzanien orphelin de six ans dont Warren
est devenu le parrain. Sur les routes du Midwest, Monsieur
Schmidt arrivera-t-il enfin à trouver un sens à sa vie ?
Avec l’Arriviste, où Reese Witherspoon
se cassait les dents à trop jouer des coudes dans une élection
étudiante, Alexander Payne s’amusait déjà à égratigner l’American
Way of Life. Ce troisième opus, entre comédie satirique et
road-movie existentiel, est de la même veine. Son personnage
principal, en revanche, n’a rien d’un ambitieux : Monsieur
Schmidt (ou Smith ?) pourrait être le Dupont de l’Amérique
profonde, feignant d’être heureux avec ses deux voitures
dans le garage et un compte en banque correctement rempli.
Un petit-bourgeois, « travailleur », à la vie terne
comme on en rencontre beaucoup, notamment dans l’Omaha, terre
d’origine du réalisateur.
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Autoproclamé « satiriste du Midwest »,
Payne pratique avec efficacité l’humour noir et les ruptures
de tons. Ainsi le film oscille sans cesse, parfois dans une
même scène, entre émotion et comédie acerbe. Exemple parmi
d’autres : Warren doit choisir un cercueil pour sa femme,
il écoute, le regard vide, les conseils du vendeur, et l’interromps :
« c’est combien, si c’est moi qui la transporte ? ».
Une mesquinerie parmi d’autres, symptomatique d’un personnage
égoïste, facilement détestable.
Seulement voilà, c’est Jack Nicholson qui
s’y colle. Sa composition de ce petit vieux aigri, avec demi-lunes
au bout du nez, conduisant son camping-car les deux mains
en haut du volant restera dans les annales. Justement récompensé
aux derniers Golden Globes (c’est de bon augure pour les Oscars),
ce cabot de première classe a pour une fois mis la pédale
douce et nous épargne son show habituel : il parvient
avec un minimum d’effet à montrer toutes les contradictions
de son personnage, engoncé dans les conventions, un brin pathétique
et finalement attachant.
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